Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 138.djvu/671

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renfermant des matières alcoolisables ; des pommes de terre ou des graines, des mélasses, enfin des betteraves.

C’est de cette époque que datent les distilleries agricoles ; un habile industriel, mort récemment à un âge avancé, M. Champonnois, créa très vite un outillage assez peu coûteux pour ne pas excéder les ressources d’une ferme de moyenne étendue, et régla la suite des opérations assez clairement pour qu’elles fussent à la portée de simples ouvriers agricoles. Pendant quelques années, soutenues par les hauts prix de l’alcool, les distilleries agricoles prospérèrent.

La transformation du sucre de la betterave en alcool comprend trois opérations successives : extraction du sucre, fermentation, distillation, que nous allons exposer rapidement.

Les betteraves sont d’abord lavées pour les débarrasser de la terre qui y reste adhérente, souvent en quantités considérables quand l’arrachage a eu lieu par un temps humide ; elles sont ensuite découpées en minces rubans à l’aide de cylindres armés de petites lames disposées obliquement comme celles d’un rabot, et animés d’un rapide mouvement de rotation à l’aide d’une machine à vapeur.

Les fragmens de betteraves, les cossettes, sont arrosés d’acide sulfurique étendu ; puis, elles sont conduites aux cuves de macération. Ce sont de grands cylindres en bois, posés verticalement sur une de leurs bases ; ils renferment à l’intérieur deux faux fonds percés de trous capables de laisser passer les liquides, mais trop étroits pour que les rubans de betterave puissent les traverser ; au-dessus du faux fond inférieur est pratiqué dans la paroi une ouverture hermétiquement close pendant le travail ; elle permet, quand il est terminé, d’enlever les cossettes épuisées.

Les macérateurs sont au minimum au nombre de trois, généralement un système de tuyauterie met en communication l’un quelconque avec les six ou sept autres.

Le problème à résoudre est d’épuiser complètement les cossettes du sucre qu’elles renferment en y employant le moins de liquide possible. On envoie des liquides qui ne contiennent pas encore de sucre sur les cossettes, appauvries déjà par plusieurs lavages. Elles leur abandonnent les traces de sucre qu’elles renfermaient encore. Ces liquides s’enrichissent par des passages successifs sur des cossettes de moins en moins épuisées. Ils atteignent enfin le macérateur à cossettes fraîches. En y pénétrant, ils n’ont pas encore une teneur en sucre égale à celle du jus de la betterave, mais bientôt l’équilibre s’établit et le liquide ainsi enrichi est conduit aux cuves de fermentation.