la mécanique, dont il n’avait jusque-là étudié que la philosophie ; de chaleureux applaudissemens auraient salué le début et la fin de chacune de ses leçons ; on baillait à celles de Sturm, et cependant il vaut mieux, pour l’honneur de l’école et le maintien de ses traditions, qu’elle ait inscrit son illustre nom sur la liste des maîtres, à la suite de celui d’Ampère, qui n’était pas non plus un brillant professeur. Comte a donné la mesure de son esprit critique en écrivant après la nomination de son concurrent : « Il paraît que, de mémoire d’homme, il n’y a pas eu à l’Ecole polytechnique un aussi mauvais enseignement mathématique, même au temps de Cauchy. » D’excellens juges, de plus en plus nombreux, regardent Cauchy comme le plus grand géomètre du siècle, comme Ampère en est le plus grand physicien.
Comte, en effleurant toutes les sciences, avait médité sur leur philosophie ; il aurait pu, en s’y préparant, se charger, sans faiblesse apparente, de professer en chimie. Qui aurait osé cependant le préférer à Gay-Lussac ou même à Frémy ? C’est un cas extrême, mais la préférence accordée pour la chaire de mathématiques, lorsque le concurrent s’appelait Sturm, eût été un premier pas dans la même voie.
En approuvant aujourd’hui, comme conforme à la justice et à l’intérêt de l’école, l’élection de 1840, j’ai changé d’avis, je dois l’avouer. J’étais un des deux élèves délégués par leurs camarades pour solliciter en faveur de Comte le suffrage de Poinsot, l’autre était Ossian Bonnet. Poinsot nous fit un charmant accueil, et vota pour Sturm. Comte, qui toujours s’était incliné devant son talent, l’en punit en déclarant, dans la préface de son sixième volume, son caractère inférieur à son esprit.
La privation des fonctions d’examinateur d’admission et de celles de répétiteur est une question plus grave. Je blâmais alors, et je n’oserais pas louer aujourd’hui, cette mesure rigoureuse. Ceux qui cependant la réduisent à un acte de vengeance et de haine altèrent sciemment la vérité.
Si l’un des examinateurs actuels, prenant Comte pour modèle, accusait, dans un écrit signé de lui, les membres du conseil d’instruction de manque de conscience et d’incapacité, dénonçait comme absurde une organisation dans laquelle un homme de sa valeur se trouve placé dans la dépendance d’une assemblée où l’on voit mêlés aux professeurs de sciences les maîtres de français et de dessin, alors qu’on exclut, il ne sait pourquoi, ceux de danse et d’escrime ; s’il refusait d’accepter la formalité humiliante d’une réélection annuelle, enjoignant aux indignes sultans de sa destinée d’avoir à prendre un parti immédiat, leur déclarant qu’il