Phoinikous ; tout à côté se trouvait la petite île de Cothôn, « la petite » en phénicien.
De l’île de Cythère au continent grec, il n’y a qu’un pas. M. Clermont-Ganneau l’a franchi et, avec sa merveilleuse habileté à se retrouver dans les labyrinthes de la mythologie, il a suivi la trace des Phéniciens sur toutes les côtes du Péloponèse. Leur passage en Laconie est marqué par la ville d’Aphrodisias, située sur le promontoire même, en face de Cythère. Sur l’autre versant du cap Saint-Ange, le petit port de Sidé, fondé par Sidé, fille de Bélus, nous rappelle le nom de Sidon. Pénétrant plus avant, au fond du golfe de Laconie on rencontre Amyklée, ainsi appelée de Resef-Mikal, le dieu au javelot, l’Apollon phénicien, dont le nom revient à chaque instant sur les inscriptions de Citium et d’Idalie. Les Grecs en ont fait l’Apollon d’Amyklée, cet Apollon d’un aspect singulièrement oriental, qui avait, au dire de Sanchoniathon, quatre bras et quatre oreilles, peut-être en souvenir des quatre ailes qui couvraient le corps des grands dieux de l’Assyrie. Mais s’ils ont traduit son nom, les Grecs lui ont laissé son vocable, et ce vocable s’est imposé, dès l’époque homérique, à la ville qui était le centre de son culte en Grèce. Sparte même n’échappe pas à la loi commune, s’il faut en croire la tradition qui lui donne pour fondateurs les Spartoi, chassés de Thèbes, la rattachant ainsi à ces hommes nés des dents de dragon qu’avait semées Cadmus. La mythologie a exprimé la même idée en mêlant aux origines de Sparte le héros fabuleux Amyklas, frère de Lakedaimôn et père de Spartos.
De l’autre côté du Péloponèse, l’Élide présente des traces plus profondes encore de l’influence phénicienne. Hercule, dont les exploits marquent les étapes des Phéniciens dans le bassin de la Méditerranée, joue un grand rôle dans l’histoire fabuleuse de l’Elide. C’est lui qui la conquiert, avec le concours des Argiens, des Arcadiens et des Thébains, et qui plus tard nettoie les écuries d’Augias, le fils d’Eleus ou Elieus, ancêtre mythique des Eléens, en y faisant passer l’Alphée. Il est le grand importateur des arbres en Elide, et c’est sans doute à lui qu’on doit l’introduction du byssus, cette plante asiatique, de nom comme d’origine, et qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Grèce. Toutes les légendes qui le concernent sont pleines de paronomasies qui font miroiter devant nos yeux des mots sémitiques. Le nom de l’Alphée est un mot sémitique, il signifie le bœuf, et peut-être est-ce l’origine du mythe des écuries d’Augias ; non loin de là était une autre rivière, l’Alkidas, dont le nom antique, Jardanos, n’était plus compris des Grecs ; nous savons à quelle langue il faut en demander l’explication, c’est le frère du Jourdain. Il n’est pas