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ESSAIS
DE LITTERATURE PATHOLOGIQUE

II.[1]
L’OPIUM. — THOMAS DE QUINCEY
DERNIÈRE PARTIE

Œuvres complètes de Thomas de Quincey, 14 vol. — De Quincey’s Life, par A. -H. Japp. — De Quincey, par David Masson. — De Quincey and his friends, par James Hogg. — Recollections of Thomas de Quincey, par J. Ritchie Findlay.

Chaque vice a son humeur particulière. Un ivrogne cesse de boire, il s’en porte mieux : le vin est bon enfant et ne garde pas rancune à qui lui est infidèle. Un morphinomane sevré brusquement de son poison peut en mourir ou en perdre la raison : la morphine est méchante et se venge de qui la délaisse. Les livres de médecine contiennent des exemples saisissans des dangers auxquels on s’expose en la bravant. Une femme avait été amenée au Dépôt de la Préfecture de police. On la vit soudain défaillir, et bientôt elle parut expirante d’un mal qui présentait les symptômes du choléra. Une piqûre de morphine la ressuscita : c’était une morphinomane en état d’ « abstinence » et de « besoin ». Une autre malheureuse mourut à l’hôpital avec un « soubresaut violent, l’écume aux lèvres », parce qu’on lui avait supprimé la morphine, par degrés, mais trop vite encore. Un jeune

  1. Voyez la Revue du 1er novembre 1895.