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entreprises ainsi fondées avec des commandites étrangères, celles-ci forment encore un total considérable et par suite un facteur de première grandeur dans l’équilibre économique du pays.

Si nous cherchons à analyser les diverses formes sous lesquelles elles se sont produites, nous trouvons que c’est surtout par la souscription aux emprunts d’État et par celle aux actions et obligations d’entreprises industrielles, en particulier de chemins de fer. A l’époque de la guerre de sécession, les États du Nord émirent des milliards de titres de rente 6 pour 100, que l’Europe absorba. Depuis ils ont été rachetés ou convertis, et la dette publique à intérêt a baissé dans des proportions si rapides qu’on a pu croire un moment qu’elle serait entièrement éteinte, grâce aux énormes excédens budgétaires et à la sage politique qui appliquait ces excédens au rachat des obligations de la Confédération. Aujourd’hui encore, malgré les emprunts répétés des dernières années, le total de cette dette ne dépasse guère cinq milliards de francs, soit un quart de la dette anglaise ou un sixième de la nôtre. La plus grande partie de cette dette est représentée par un emprunt i pour 100, qui n’est pas remboursable avant 1907, et par les emprunts récemment contractés sous la présidence de Cleveland et remboursables en 1904 et 1925. Le capital et les intérêts de ces divers titres ont été stipulés payables en métal, ce qui laisse au Trésor fédéral l’option de se libérer en argent, faculté, hâtons-nous de le dire, dont il n’a pas songé à faire usage jusqu’ici. Mais elle n’en existe pas moins ; le président Cleveland avait en vain essayé d’obtenir du Congrès l’autorisation d’émettre des obligations remboursables en or, qu’il eût pu placer à un taux d’intérêt beaucoup plus avantageux.

Les emprunts payables en or seraient une charge d’autant plus onéreuse pour le débiteur que la prime sur ce métal serait plus élevée et qu’il lui faudrait débourser un plus grand nombre de dollars d’argent pour se procurer des dollars en or. Toutefois la plus grande partie des rentes fédérales étant aux mains des Américains, la question de savoir dans quel métal elles sont payables ne joue plus un rôle important dans l’évaluation des dettes du pays vis-à-vis de l’étranger. Il en est autrement des titres de chemins de fer, qui se trouvent en larges quantités aux mains des capitalistes anglais, et dans une mesure importante, quoique moindre, dans les portefeuilles hollandais, allemands, suisses et français. Ici la situation mérite d’être examinée de près. Il faut tout d’abord distinguer entre les actions et les obligations. Les actionnaires, étant les associés de l’entreprise à laquelle ils participent, doivent en courir toutes les chances : si les résultats de l’exploitation ne permettent pas la distribution