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DAVID — GÉRICAULT
SOUVENIRS DU COLLÈGE DE FRANCE
(1846)


I

Lorsqu’une œuvre d’art me retient longtemps devant elle et que je lui reviens, c’est qu’à part le talent de l’artiste, mon regard pénètre une chose qui importe singulièrement à l’historien : la révélation d’un moment du passé qui l’occupe aujourd’hui, et qu’il racontera demain.

Révélation très variée, qui complète un fait, — une idée, — une époque, — une heure de la vie d’un peuple.

Ou bien encore, dans le portrait, toujours si utile à consulter, elle donne le dessous qu’on tient à cacher, mais que l’investigation sagace du peintre a su faire affleurer discrètement à la surface, au profit des jugemens de l’avenir.

Grand bonheur, que l’histoire doit se hâter de saisir. La peinture, lorsque le burin ne lui assure pas une sorte d’immortalité, est chose si éphémère !

Rembrandt l’avait si bien senti, qu’à la fin, quittant les pinceaux, il ne fit plus que graver ses œuvres.

Excellent exemple, qu’il serait bon de suivre. La gravure devrait être l’un des premiers soucis de l’école des Beaux-Arts. Elle devrait, par tous les moyens possibles, encourager, propager son enseignement.

Oui, plus j’étudie et j’interroge l’art véritable, plus je trouve qu’en bien des cas il est un merveilleux interprète du génie