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LES MAITRES
DE
LA SYMPHONIE

II.[1]
BEETHOVEN, SCHUBERT, MENDELSSOHN, SCHUMANN, BERLIOZ.


IV

Avec Haydn et Mozart, le goût de la musique de chambre et de la symphonie s’était peu à peu propagé, et, sur leurs traces, un grand nombre de compositeurs s’engageaient dans les voies qu’ils avaient ouvertes. C’est en Allemagne surtout qu’ils comptaient des imitateurs, car les instincts musicaux en France se portaient de préférence vers le théâtre. La symphonie y était alors considérée comme un genre secondaire, peu apprécié par le public, et au commencement de ce siècle, un critique réputé, tel que Millin, se demandait comment un compositeur peut inventer « lorsqu’il ne peut pas même dire ce qu’il veut faire. » Suivant lui, ces sortes d’ouvrages, « travaillés au hasard », ne sont, au fond, « qu’un bruit sonore et qui plaît aux oreilles, soit par sa force, soit par sa douceur. » Il pense donc qu’un artiste, pour réussir, doit se proposer un thème, « choisir dans les bons poètes des passages analogues à la situation qu’il veut peindre »[2]. Aussi, Lacépède, le naturaliste bien connu, qui se piquait

  1. Voyez la Revue du Ier octobre.
  2. Millin, Dictionnaire des Beaux-Arts ; Paris, 1806, t. II.