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du pair : la façon d’une chemise de la reine, qui se paie 11 francs en 1387, celle d’une chemise de prince, en Dauphiné, qui vaut 4 francs en 1334. Mais celle des chemises de la bourgeoisie coûte en moyenne 1 fr. 80 au XVe siècle ; elle ne coûtait plus que 90 centimes au XVIIe siècle et 75 centimes au XVIIIe. Cependant, quoique ce prix de façon des chemises, comme celui de la toile, des souliers et de toutes choses eût baissé, la valeur de ces objets fabriqués avait augmenté ; la matière première dont ils se composaient était devenue beaucoup plus chère que la main-d’œuvre n’était devenue bon marché. Il se consommait lentement une révolution désastreuse pour l’ouvrier, à qui l’on achetait son travail de plus en plus bas et à qui l’on vendait de plus en plus haut les marchandises dont il avait besoin. Il ne profitait pas, comme consommateur, de la perte qu’il subissait comme producteur.

Une révolution inverse se poursuit depuis cent ans : la matière première, en fait de tissus, est moins chère qu’autrefois, les frais de fabrication ont diminué et parfois l’objet fabriqué est aussi coûteux, parce que l’ouvrier a pris pour lui toute la différence. Cette transformation se recommande aux méditations des personnes attristées et gémissantes de toutes les opinions. L’opération ne s’est pas faite sans résistance ni sans douleur. La filature mécanique ne réussit que vers 1803 et n’employa la vapeur qu’en 1812. En 1838, l’Angleterre constatait que le perfectionnement des machines avait fait tomber la façon d’une livre de fil no 100 de 12 fr. 50 à 80 centimes. Avant les machines, la concurrence des filés étrangers, à la suite de la guerre d’Amérique (1784), avait fait traverser à notre industrie nationale une crise très dure. Le filage du coton à la main, qui faisait vivre un grand nombre d’habitans des campagnes, fut frappé à mort. Il y eut en Normandie des paroisses où le tiers des ménages tomba subitement dans la misère.

Une crise analogue se produisit plus tard pour le tissage des étoffes ; mais ici l’agglomération des manufactures était commencée, depuis Louis XIV. Dans telle paroisse de Seine-et-Oise, comptant un millier d’âmes, on voyait 43 tisserands et 5 filassiers en 1670 ; en 1690 il n’y avait plus que 5 tisserands et aucun filassier ; en 1775 il ne restait que 2 tisserands. Inutile de dire que, depuis longtemps, il n’en reste plus un seul. Cependant les tisserands n’ont pas à se plaindre : la façon du mètre de toile représentait, suivant la qualité, le sixième ou le neuvième de la valeur du tissu il y a cent ans ; aujourd’hui cette valeur n’a presque pas varié, mais la façon entre pour un tiers ou un cinquième dans le prix de l’étoffe. Un propriétaire de laine peut aujourd’hui la faire transformer, par la filature la plus voisine, en drap commun, tissé, foulé, tondu, prêt en un mot à être employé, moyennant 1 fr. 90