Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 137.djvu/705

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES REVUES ÉTRANGÈRES

REVUES ITALIENNES

Le deuxième centenaire du peintre Tiepolo. — La toilette et les bijoux d’Isabelle d’Este.

Lorsque, en 1796, les délégués de la République française firent l’inspection des églises de Parme, pour y choisir les peintures qui devaient être expédiées à Paris, ce fut naturellement le Corrège qui les attira tout d’abord. Ils enlevèrent de ses tableaux autant qu’ils en purent enlever ; après quoi vint le tour de ses élèves, puis celui des Bolonais, le Guerchin, les Carrache, le Guide, qui avaient rempli la petite cité émilienne de leurs savans et fastueux travaux. On prit jusqu’à des Schedone, jusqu’à des Pompeo Batoni. La chapelle des Capucins, notamment, se trouva du jour au lendemain presque tout à fait dépouillée.

Encore cette première fournée ne fut-elle pas jugée suffisante. Sept ans plus tard le citoyen Moreau de Saint-Méry, administrateur général des États de Parme, fit déclouer de leurs autels et envoyer à Paris des œuvres de Cima de Conegliano, de Francesco Francia, de l’illustre Lanfranco, et de Gatti et de Nuvelone, deux maîtres qui reçurent, grâce à lui, les honneurs du Louvre. La chapelle des Capucins ne fut pas épargnée : elle perdit, cette fois-là, un Saint François de Badalocchio.

Mais ni les délégués de 1796 ni le citoyen Moreau de Saint-Méry ne daignèrent prendre à cette chapelle, pour le joindre à tant de magnifiques envois, un grand tableau religieux du peintre vénitien Giambattista Tiepolo. Ils n’avaient pu manquer, cependant, de l’apercevoir, car