en 1871, à Berlin en 1878. Ses vrais parrains sont l’empereur Guillaume Ier et le prince Bismarck.
Que les Allemands se plaisent à railler certaines naïvetés ou puérilités de nos Franco-Russes, libre à eux d’en sourire ; mais ils n’ont ni le droit de s’étonner de l’alliance, ni le droit de s’en scandaliser ; car, encore une fois, c’est bien l’Allemagne qui a mis la main de la France dans celle de la Russie. Le trait d’union entre les deux pays, il n’est pas difficile à découvrir ; les Allemands le connaissent bien, c’est l’Alsace-Lorraine. En annexant l’Alsace-Lorraine au nouvel empire, l’Allemagne a dû savoir ce qu’elle faisait.
La paix de Francfort était grosse de l’alliance franco-russe ; elle portait dans son sein Cronstadt et Toulon. Le vieux Guillaume Ier et son grand ministre ont-ils pu s’y tromper ? ont-ils vraiment compté, pour empêcher l’alliance de venir au jour, sur la parenté des Romanof et des Hohenzollern, sur la solidarité monarchique, sur les fautes et les frasques de la république, sur l’antipathie d’un autocrate pour une démocratie ? Si oui, ces grands politiques se sont fait illusion, et le prince Bismarck a vécu assez longtemps pour s’en apercevoir. Au fond, tout en cherchant à écarter la Russie de la France, le fondateur de l’unité germanique était trop clairvoyant pour se flatter d’y réussir. C’est pour cela qu’il a pris ses précautions avec la triple alliance ; mais la triple alliance même devait déterminer une contre-alliance. L’unique moyen de prévenir l’entente franco-russe, ni Bismarck, ni Moltke, ni Guillaume n’en ont voulu. Aussi, quand les Allemands reprochent à la France de couper l’Europe en deux devant le colosse slave, quand ils nous accusent de trahir la cause de l’Occident et de la civilisation au profit de la barbarie moscovite et de la servitude autocratique, les Allemands oublient que, si l’Europe occidentale est aujourd’hui scindée en deux, la faute en est à l’épée qui a fait une entaille entre le Rhin et les Vosges.
Oui, il est vrai, l’Europe occidentale, la vieille Europe, la véritable Europe, semble, pour longtemps, pour jamais peut-être, divisée, irréconciliablement désunie, en face de l’orientale Russie qui, de la Vistule au Pacifique, tient déjà ramassée dans sa main la moitié du continent. Au siècle qui vient, la scission de l’Europe semblera sans doute le principal résultat de la paix de Francfort et l’involontaire couronnement de la politique bismarckienne.
Déjà, aux yeux qui osent fixer l’avenir, une chose apparaît de plus en plus claire : le grand bénéficiaire de la guerre franco-allemande, c’est l’empire russe. L’avènement de Nicolas II ne