hémisphère s’en détourne, toutes les récoltes s’y font six mois plus tôt ou plus tard qu’en Europe. Les fruits qu’elles nous expédieraient, arrivant en une saison où nous en sommes privés, seraient donc les bienvenus et trouveraient certainement un débouché. Toute la question est d’amener les fruits frais en Angleterre en bon état de conservation. Pour les oranges et les citrons, le problème est déjà résolu. Quelques envois ont été faits des orangeries de la Nouvelle-Galles du Sud, qui couvrent 4 500 hectares, surtout aux environs de Paramatta, au fond de cette baie enchanteresse de Port-Jackson qui forme le port de Sydney. Les orangers de Paramatta sont aussi beaux que ceux de Blidah, en Algérie, et les vergers qui couvrent les environs en font l’endroit le plus agréable que j’aie vu en Australie.
Toutes les colonies du reste, à l’exception de la Tasmanie et de la partie méridionale de la Nouvelle-Zélande, sont propres à la culture de l’oranger, du citronnier ; toutes commencent à s’y livrer, et la production australienne atteint déjà la consommation. La Tasmanie exporte en Europe des pommes et, chaque année, à l’automne des antipodes, qui est notre printemps, les-grands paquebots-poste de la Compagnie Péninsulaire et Orientale font escale dans le magnifique port de sa capitale, Hobart, pour les y charger. Les autres fruits ne sont pas produits en assez grande quantité pour la consommation locale ; de plus, on n’est pas encore assez assuré de la valeur des procédés de conservation, qui consistent soit à refroidir les fruits un peu au-dessus de zéro, soit à les enduire de compositions spéciales qui nuisent légèrement à leur apparence, mais maintiennent l’intérieur à l’abri de l’air et des germes qui y flottent. La surface totale occupée par les jardins était, en 1892, de 60 000 hectares, et leur produit de 66 millions de francs.
Des expériences ont été faites sur une grande échelle pour cultiver les fruits, non seulement dans les régions côtières, mais encore à l’intérieur en suppléant par l’irrigation à l’insuffisance et à l’irrégularité des pluies. L’aménagement des eaux est un point sur lequel notre temps se trouve fort en arrière des anciens et des Arabes du moyen âge : il y a eu là un véritable recul de la civilisation qui s’explique parce que le centre en est passé dans des pays où l’humidité du climat diminuait l’importance de l’irrigation. Maintenant que les européens se sont taillé de nouveaux domaines dans tous les coins du monde et s’occupent de les mettre en valeur, ils se sont aperçus que les contrées où le régime des pluies est semblable à celui de l’Europe du nord-ouest sont des régions favorisées, mais presque exceptionnelles,