est loin d’occuper au point de vue agricole le même rang parmi les divers pays du monde qu’au point de vue pastoral. On estimait en 1892-1893 la valeur totale des produits de son bétail à plus de 1 200 millions de francs, dont 560 pour une seule denrée, la laine, tandis que ses cultures n’avaient donné que 540 millions. Celle des colonies où l’agriculture proprement dite joue le plus grand rôle dans la production est l’Australie du Sud, quoique, d’une façon absolue, la valeur de ses récoltes soit légèrement inférieure à celle de Victoria. Ces deux colonies et la Nouvelle-Zélande sont les seules où les céréales indigènes suffisent à la consommation : après qu’elles en ont approvisionné les autres contrées de l’Australie, elles n’ont encore à exporter dans le reste du monde que 2 millions et demi d’hectolitres de blé (1892-93) et moins d’un million d’hectolitres d’avoine : ces derniers viennent presque tous de la Nouvelle-Zélande. L’ensemble des colonies se suffit encore à peu près à lui-même pour le maïs, cultivé surtout en Nouvelle-Galles et en Queensland, dans les parties chaudes du continent australien, pour le foin, pour les pommes déterre, qui viennent surtout de Victoria et de Nouvelle-Zélande ; mais aucun commerce d’exportation de ces denrées n’existe encore.
L’insignifiance relative des cultures est un des traits qui frappent le plus un voyageur européen en Australie. Durant le trajet de vingt heures en chemin de fer qui sépare Melbourne de Sydney, l’on ne voit guère de champs de quelque étendue qu’aux environs de la première de ces villes, quelques vergers et quelques vignes lorsqu’on passe le Murray à la limite des deux colonies, des cultures maraîchères au moment d’entrer à Sydney. Des forêts d’eucalyptus, des pâturages semés d’arbres, où paissent des moutons ou des bêtes à cornes, suivant qu’on est plus ou moins loin des côtes, c’est là le paysage qui se déroule avec monotonie pendant tout le parcours. De Melbourne à Adélaïde, les cultures sont un peu moins rares, mais les pâturages, ou même de vrais déserts couverts de scrub rabougri, occupent de beaucoup la plus grande place. Rien ne diffère plus des immenses champs de maïs ou de blé de l’Illinois, de l’Iowa, du Minnesota, où les charrues à vapeur tracent des sillons rigoureusement droits d’un ou deux kilomètres de long. On aurait tort de reprocher aux Australiens leur négligence pour le labourage. En se consacrant avant tout à la production du bétail, ils n’ont fait que suivre la voie que leur indiquait la nature : ils n’ont point à leur disposition la prairie rase de l’Amérique du Nord soumise au climat encore assez humide de la partie centrale du bassin du Mississipi. Chez eux, les régions voisines de la mer, où la pluie est suffisante,