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été mauvais ; aussi expérimente-t-on maintenant son envoi en rayons. Cinq ou six gâteaux de miel sont superposés dans une boîte en bois, séparés par des feuilles de fort carton. Autour de cette première enveloppe s’en trouve une seconde, qui ne lui est reliée que par des ressorts, en sorte que les chocs ne parviennent que très adoucis à la boîte intérieure.

À bord des navires qui les chargent, les viandes et les autres produits continuent à être soumis aux mêmes températures que dans les freezing-works, dans de grandes chambres spécialement aménagées. À la fin de 1894, trente-six navires de 4 000 à 7 000 tonnes, dont trente vapeurs, étaient employés au transport des viandes de mouton congelées entre la seule colonie de la Nouvelle-Zélande — où cette industrie est, il est vrai, beaucoup plus développée et plus ancienne qu’en Australie même — et l’Angleterre. Les plus petits peuvent transporter de 25 à 3 0000, les plus grands 70 000 carcasses de moutons : l’ensemble de cette flotte suffirait au transport de 3 millions de carcasses par an. Deux compagnies anglaises s’occupent spécialement de ce trafic. Leurs bateaux partent tous les quinze jours de Londres, doublent le cap de Bonne-Espérance, font escale en Tasmanie, puis aux divers ports néo-zélandais et rentrent en Angleterre en doublant le cap Horn. Le voyage est un peu plus long que par le canal de Suez, — quarante jours environ dans chaque sens, — mais les navires ne subissent pas les chaleurs prolongées qu’imposent la traversée oblique des tropiques et celle de la Mer-Rouge, et profitent des vents d’ouest favorables qui règnent dans le Pacifique austral. Plusieurs sont aussi magnifiquement organisés pour le transport des passagers : le Gothic, que je visitai à Wellington, peut lutter à ce point de vue avec les plus beaux des Transatlantiques,

En 1880, il n’était entré dans les ports anglais que 400 carcasses de moutons et d’agneaux venant toutes d’Australie. En 1895, il en est arrivé dans le Royaume-Uni 5 013 000, dont 2 409 500 venaient de Nouvelle-Zélande, 968 900 d’Australie, 19 400 des îles Falkland, 1 615 200 de la République Argentine. C’est surtout dans la Nouvelle-Zélande, dont le climat plus humide a permis d’acclimater les herbes anglaises et est plus favorable à l’engraissement des moutons, que ce commerce a pris un grand essor. En Australie, il a longtemps végété et ne s’est accru rapidement et dans de fortes proportions que depuis 1890 : il se développera sans doute encore beaucoup dans l’avenir, car on estime que les colonies australiennes, la Nouvelle-Zélande non comprise, pourraient disposer d’un excédent annuel de 4 à 5 millions de moutons à expédier on Europe. Elles ne sont pas aussi avancées en ce qui