Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 137.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la côte de Krou ; certains explorateurs prétendent avoir trouvé du diamant dans la région du Cavally. N’ont-ils pas confondu ? Avec le corindon blanc par exemple ? Et puis que n’en ont-ils rapporté pour la conviction de leurs auditeurs ?

L’élevage, lui aussi, sera certainement, quelque jour, l’une des sources de prospérité de la colonie. Celle-ci demeure actuellement, pour la viande de boucherie, tributaire de Konakry, qui lui expédie mensuellement une cargaison de bœufs. Ces bêtes, de petite taille, de constitution malingre, débarquant en mauvais état, constituent une alimentation assez défectueuse ; au contraire, les bœufs de l’intérieur, dont les indigènes, par fétichisme, ne veulent à aucun prix se dessaisir, atteignent le développement normal que leur donnent nos climats tempérés. Les quelques vastes et très belles plaines qui se rencontrent au-dessus de Lahou, de Dabou et de Ganda-Ganda, dans la Montagne Rouge, plaines où errent d’ailleurs, par troupes, des buffles sauvages, sont donc toutes désignées pour nourrir et élever des bœufs, par exemple de la belle race de Mossamédès, qui s’y acclimateront parfaitement et que surveilleront contre la malveillance initiale possible des indigènes ces excellens gauchos de l’Amérique du Sud ou les énergiques cow-boys du Far-West.

Une autre production naturelle de la Côte d’Ivoire dont l’existence vient d’être révélée depuis peu, et non la moins intéressante, certes, le pétrole, se rencontre à une lieue et demie environ d’Assinie, également sur le territoire anglais et sur la rive française de la lagune Tendo, à une lieue, en ligne directe, de la mer. Nulle exploitation, il est vrai, n’est plus fertile en surprises que celle du pétrole. Lors même que le niveau liquide est atteint, la puissance des lacs souterrains, de ces réservoirs très inégaux de carbures d’hydrogène, reste un grave problème jusqu’au jour où le dernier coup de pompe on a épuisé le dernier gallon. Cependant des deux côtés, par des capitaux français, par des capitaux anglais, l’expérience va être tentée. Il faut en tous cas souhaiter sincèrement de voir réussir une entreprise qui, si elle récompensait ses auteurs, contribuerait également dans une très large mesure à la prospérité de la Côte d’Ivoire.

Nous n’avons jusqu’ici envisagé que les diverses branches d’industrie métallurgique, forestière, agricole, auxquelles notre colonie convie l’argent et les efforts de la race blanche. Il nous reste à dire quelques mots de la traite, de l’échange des produits indigènes contre les denrées et les marchandises européennes. Pour parler net, ce trafic, jadis si florissant, périclite aujourd’hui et marche graduellement à sa ruine. Sans doute, il édifia des