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LA CÔTE D'IVOIRE
CE QU'ELLE EST, CE QU'ELLE DOIT DEVENIR

C’est un symptôme assez remarquable des progrès accomplis depuis dix ans sur le terrain des idées, que l’entrée de la question coloniale dans l’ère des discussions économiques ; car la controverse, pour elle, c’est la vie. Rien ne décèle mieux, et il faut singulièrement s’en réjouir, l’éveil de l’intérêt public, une curiosité générale pour ces choses d’outre-mer que nous avons, hélas ! trop longtemps abandonnées à d’autres plus hardis ou plus avisés que nous. Les voici devenues à présent d’une actualité si vive que les moindres vues personnelles ne sauraient plus se manifester sans être prises à partie avec véhémence ; aussi n’avons-nous nulle intention de traiter ex professo des sujets aussi féconds en polémiques ; nous voudrions seulement, dans cette rapide étude, exprimer quelques-unes des opinions que nous a récemment suggérées un voyage assez étendu sur la Côte d’Ivoire, rechercher la plus profitable manière de mettre en œuvre les grandes ressources naturelles de ce pays, dégager enfin, par un parallèle constant entre son aspect actuel et le développement que l’avenir semble lui réserver, ce qu’on peut légitimement attendre du temps et de l’effort des hommes.

Nous examinerons successivement la physionomie générale de la contrée et les productions de son sol ; les obstacles que l’implantation européenne y trouvera à vaincre : les voies de pénétration ; les moyens de colonisation et d’exploitation ; enfin, dans une courte critique, les quelques réformes à accomplir, les quelques abus à éviter, les desiderata dont la réalisation immédiate est le plus indispensable à la prospérité de la colonie.