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les modifications réalisées par l’effort dans la substance des muscles, puis la production de la chaleur dans l’action musculaire. Ces travaux divers suffirent pour attirer l’attention de J. Muller. Sur ses indications, son élève fut nommé d’abord assistant de Brücke à Berlin, puis professeur à l’Université de Kœnigsberg. Il ne devait plus quitter la carrière de l’enseignement ; de Kœnigsberg il passa à Bonn (1856), puis à Heidelberg (1859), et enfin, parvenu à l’apogée de sa réputation, il fut appelé à Berlin (1871) où il est resté jusqu’à sa mort (1894).

Il ne saurait entrer dans le plan du présent article d’analyser en détail les nombreux travaux de Helmholtz sur la physique et les mathématiques ; la liste complète en remplirait à elle seule plusieurs pages de la Revue. Nous nous bornerons à donner ici les titres de ceux qui ont, avec juste raison, attiré le plus vivement l’attention du monde savant, puis nous passerons à l’examen de ses deux ouvrages capitaux, l’Optique physiologique et la Théorie physiologique de la musique.

Dans l’ordre de la physique mathématique pure, on peut citer les Mémoires sur les Equations hydrodynamiques qui correspondent aux mouvemens de tourbillons (1858)[1] ; sur la Discontinuité du mouvement des fluides, problème auquel Euler s’était attaqué en vain ; sur Différens phénomènes acoustiques (de 1856 à 1862) ; sur les Mouvemens de l’atmosphère et des vagues ; sur la Statique des systèmes monocycliques (1884, 1888, 1889) ; sur la Théorie électromagnétique de la dispersion des couleurs (1892) ; sur les Conséquences de la théorie de Maxwell en ce qui concerne les mouvemens de l’éther pur (1893). Depuis sa nomination à l’Université de Berlin en 1870, Helmholtz s’est surtout voué à l’étude des phénomènes électriques. Pour expliquer la différence de potentiel au contact de deux molécules, il a imaginé l’hypothèse de « la couche double » qui a été le point de départ d’un grand nombre de recherches et de travaux. Sur le principe de la conservation de l’énergie et sur le principe de Carnot, il a fondé la théorie aujourd’hui classique de la pile. Dans un tout autre ordre d’idées, on trouve dans la liste de ses œuvres des travaux sur la vitesse de transmission des impressions nerveuses, des conférences sur les idées scientifiques de Gœthe, des spéculations philosophiques sur le principe de la moindre action, et enfin son fameux travail sur les axiomes de la géométrie, qui, par l’originalité et l’ingéniosité, sinon par la rigueur absolue des propositions, produisit une sensation véritable dans le monde de la géométrie et de la physique mathématique.

  1. C’est sur les résultats de ce travail que Thomson (lord Kelvin) fonda sa théorie cosmique des tourbillons de l’éther.