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À LA VEILLE
D’UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE


I

Ce n’est pas de nous qu’il s’agit aujourd’hui, mais des États-Unis. On sait que le président de la République y est élu tous les quatre ans au suffrage universel. L’élection a lieu quatre mois avant l’installation à la Maison Blanche. L’agitation commence dès le début de l’année qui précède cette date. Depuis le printemps dernier, le pays n’est occupé que du choix du magistrat qui devra régir ses destinées de mars 1897 jusqu’en mars 1901. On connaît aussi la procédure qui s’est peu à peu introduite dans les mœurs au point d’être observée comme une règle écrite. Chaque parti envoie de tous les points du territoire ses délégués à une Convention générale du parti, qui se réunit dans une ville et à une époque désignées d’avance. Cette Convention établit un programme qu’on appelle plate-forme (platform) et qui expose la manière de voir de la majorité, ou de l’unanimité de la convention sur les questions qui occupent l’opinion publique. Une fois ce programme établi, chaque convention désigne (nominales) deux candidats, l’un pour la présidence, l’autre pour la vice-présidence des États-Unis, et en forme une liste (ticket) qu’elle recommande aux suffrages des électeurs. Ceux-ci n’en demeurent pas moins libres de voter pour qui bon leur semble ; mais cette désignation, faite à l’avance par les représentans autorisés de chaque parti, pèse d’un grand poids sur le vote populaire, et la bataille s’engage sur les noms ainsi mis en avant. De véritables campagnes s’organisent dans l’intervalle qui sépare les Conventions du vote définitif : les politiciens les plus habiles de chaque parti en prennent la direction, établissent leur quartier général, et déploient une activité comparable à celle d’un chef d’armée, préoccupé de