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LE ROMAN SUÉDOIS

III[1]
Mme LEFFLER. — GEIJERSTAM. — LEVERTIN — V. DE HEIDENSTAM


I. — ANNE CHARLOTTE LEFFLER

Mme Anne-Charlotte Leffler appartient, elle aussi, à la jeune école d’écrivains réalistes et matérialistes dont M. Strindberg est le représentant le plus en vue. À elle aussi le monde paraît partagé en deux camps : d’une part, les représentans des vieilles idées, c’est-à-dire ceux qui respectent la morale courante, les anciennes habitudes, les traditions séculaires, la religion des aïeux ; et, d’autre part, les révoltés, ceux qui ne voient dans cette religion, ces traditions, ces habitudes, cette morale surtout, qu’une limitation injustifiable de la liberté individuelle. Les premiers sont contens de l’état présent des choses et en profitent de toutes manières. Ils sont pour la plupart hypocrites, corrompus et oppresseurs. Ce sont ceux qu’Ibsen a appelés les Soutiens de la Société. Les autres, les indépendans, se sont affranchis de la tyrannie des conventions, du mensonge social ; ils poursuivent « le développement intégral de leur individualité » ; ils cherchent à arriver à l’expansion complète de leur

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 1er juillet.