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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



30 juillet.


Les vacances opèrent comme un calmant. À peine les Chambres sont-elles séparées qu’un grand repos semble se répandre sur tout le pays. Cela ne veut pas dire que les Chambres ne soient pas utiles ; mais, après en avoir joui longtemps, on s’en passe fort bien pendant quelques mois. Il en est du gouvernement parlementaire comme de l’éloquence sur laquelle il repose : or, a dit Pascal, l’éloquence continue ennuie. Quand on pense à l’inefficacité de tant de discours qui, tous les jours, pendant huit ou neuf mois, sont déversés du haut de la tribune du Palais-Bourbon sans produire aucun résultat sensible, on comprend que le pays, après les avoir plus ou moins entendus ou écoutés, éprouve le besoin de quelque répit. Pour parler sérieusement, trop est trop, et il est certain que nos sessions parlementaires sont longues à l’excès, prolixes, envahissantes, et qu’elles empiètent sans profit sur la vie normale de chacun d’entre nous, député ou simple électeur. Si encore elles produisaient un effet qu’il fût possible d’apprécier et de peser ! Mais comment nier, depuis quelques années surtout, la stérilité de l’effort parlementaire ? Et Dieu sait pourtant à quel point il est formidable et bruyant !

D’où cela vient-il ? Nous le rechercherons peut-être un jour. Il est certain que, sur bien des points, notre vieil organisme politique et gouvernemental a vieilli. La machine de Marly elle-même ne fait pas une plus grande dépense de forces pour aboutir à un plus mince produit. Aussi les partisans de la révision deviennent-ils de plus en plus nombreux, même dans les régions parlementaires où on s’attendrait le moins à les trouver. Beaucoup d’hommes jeunes, ardens, déjà arrivés, doués de ce talent de la parole qui mène à tout dans les assemblées, se sont aperçus assez vite qu’il ne les conduisait pourtant à rien, même quand il les avait conduits au ministère. La conscience de ne pas aboutir, alors même qu’ils semblaient avoir personnellement réussi, s’est emparée de toutes leurs facultés, et c’est chez eux surtout qu’on rencontre les partisans les plus résolus de la révision. Que veulent-ils ? Peut-être ne le savent-ils pas très bien. Ils veulent autre