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LE
DOCTEUR THÉODORE BILLROTH
ET SA CORRESPONDANCE

La biographie de Théodore Billroth, l’un des plus illustres chirurgiens de ce temps, peut se résumer en deux mots. Ce Poméranien, fils d’un pasteur de l’île de Rugen, fit ses études de médecine à Gœttingen et à Berlin. Il eut pour maîtres les docteurs Baum et Langenbeck. Le 1er avril 1860, à l’âge de 31 ans, il fut nommé professeur de clinique chirurgicale à Zurich ; en 1867, il fut appelé à l’Université de Vienne, où il enseigna pendant vingt-cinq ans. Le 6 février 1894, il mourait à Abbazia, dans sa soixante-cinquième année. Jamais vie plus unie ne fut plus active, plus laborieuse. Il avait énormément travaillé dans sa jeunesse, il travailla jusqu’à la fin. Peu d’années avant sa mort, imparfaitement remis d’une maladie à laquelle il avait failli succomber, il avait repris toutes ses occupations.

Il écrivait le 5 mars 1890 : « Je viens de passer comme d’habitude une journée agitée et dure. Personne n’est plus sujet que moi au coup de cloche. Je fus réveillé de bon matin par une blessure au doigt, qui s’est envenimée en touchant du pus ; j’y suis accoutumé, je serai bientôt guéri. À peine levé commence une éternelle sonnaillerie ; on ne me laisse pas déjeuner en paix avec ma femme et mes enfans. Des domestiques d’hôtels viennent me prier de fixer des heures de consultations ; le secrétaire de l’association Rodolphine réclame des signatures. Je vais voir chez eux quelques-uns de mes opérés d’hier, puis je me rends à la clinique. Assistans, opérateurs, directeurs, tout le monde a quelque chose à me demander. Sacrebleu ! il est déjà 10 h. 20. La salle des cours nous attend. Deux heures de pédagogie et d’opérations. À peine sorti de l’amphithéâtre, je suis de nouveau assailli ; je n’aurai que vingt minutes pour manger. Suit une opération