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offrir une résistance proportionnelle à l’effort qu’elles ont à supporter. Elles sont en fonte de fer. Les tuyaux qui les constituent ont de 2m, 50 à 4 mètres de longueur et sont unis par emboîtement. Leur diamètre peut aller jusqu’à 1m, 30.

Les siphons, en raison de la pression qu’ils supportent, sont exposés à des ruptures et, comme ces accidens arrêtent immédiatement le service, on a coutume, aujourd’hui, de composer la conduite de plusieurs files de tuyaux parallèles et indépendans. La distribution de Naples, qui remonte à une dizaine d’années tout au plus, et qui est l’œuvre de la Compagnie générale des eaux pour l’étranger, est un exemple remarquable de ce genre de travail. Les conduites forcées permettent également de traverser un marais, un fleuve, une lagune, sans y construire de pont. On les pose en tranchée dans le lit du cours d’eau. C’est ainsi que la même Compagnie française est parvenue récemment à faire arriver, à Venise, les eaux de la Brenta, à l’aide d’une conduite en fonte de 6 400 mètres de longueur et de 0m, 80 de diamètre placée à 1m, 50 de profondeur au-dessous du fond des lagunes et du canal Donena dans lequel il y a 7 mètres d’eau.

Lorsque le tracé d’une amenée d’eau rencontre une colline, il faut la tourner ou passer au travers. Les ingénieurs préfèrent aujourd’hui ce dernier procédé. La dérivation de la Durance a 48 kilomètres de souterrain, celle de la Dhuys 12, colle de la Vanne 42. La section des tunnels doit avoir, au minimum, 1m, 80 de hauteur sur 0m, 80 de large. La forme ovoïde s’impose et le revêtement en maçonnerie est indispensable, si le terrain est friable.


IV

Lorsque les eaux sont arrivées sur la colline qu’on a choisie pour le point de départ de la distribution, elles sont reçues dans des réservoirs destinés à régulariser la dépense, en permettant d’emmagasiner l’eau, quand la consommation est réduite au minimum, comme cela arrive pendant la nuit. Il faut que ces réservoirs soient assez vastes pour contenir la consommation d’une journée. Ceux de Paris vont au-delà. Le réservoir de Montmartre, à lui seul, peut contenir 250 000 mètres cubes d’eau. Il a quatre hectares de superficie et se compose de deux étages. Le supérieur fait le service courant avec 100 000 mètres cubes ; et l’inférieur, qui en contient 150 000, est destiné à recevoir son trop-plein et à le suppléer à l’époque des grandes consommations. Les réservoirs doivent être couverts et construits de façon à ne pas présenter de parties stagnantes et à pouvoir être nettoyés à fond.