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à nos cognacs et aux soieries lyonnaises. L’industrie viennoise place au Brésil des articles dits de Paris qu’elle réussit à fabriquer aussi bien et moins cher que les nôtres. La Suisse écoule de l’horlogerie et des soieries, la Belgique, à peu près tout ce que peut donner l’industrie allemande comme l’industrie française, et toujours dans des conditions de prix légèrement plus avantageuses pour le pays de destination.


IX

La Russie se place au premier rang des pays où l’industrie se développe d’une façon menaçante pour les nations plus vieilles du reste de l’Europe. L’essor industriel, par exemple, du sud de l’empire, entre le Dniepr et le Don, est un spectacle extraordinaire, autant que le fut l’épanouissement de la Californie, il y a quarante ans, ou celui du Witwatersrand, au Transvaal, dans les cinq dernières années.

D’immenses troupeaux de moutons erraient, il y a un quart de siècle, dans les steppes de la Nouvelle-Russie, désert immense, à peine interrompu par de misérables villages petits-russiens ou grands-russiens et quelques colonies allemandes assez prospères. Jekaterinoslav sur le Dniepr, Rostov sur le Don, méritaient à peine le nom de villes ; aujourd’hui, ce sont de belles et grandes cités commerciales, d’où rayonnent, dans toutes les directions, des voies ferrées, où circule une vie intense. Toute la campagne entre le Dniepr à l’ouest, Azov et Rostov à l’est, le Donetz au nord, la mer d’Azov au sud, est couverte de hautes cheminées d’usines, de vastes bâtimens d’exploitation, d’ouvertures de puits, de dépôts de charbons, de minerais de fer, de quartz, de fonte, entre lesquels serpentent d’innombrables files de wagons. « Autour de nous, dit une correspondance de Jekaterinoslav au Nouveau Temps, le long de la route et aux stations, on ne parle que grosses entreprises et millions ; on nomme les ingénieurs qui, en quelques heures, ont gagné des centaines de millions de roubles ; on cite les sociétés par actions qui se fondent à Bruxelles, à Paris, à Saint-Pétersbourg ; on s’exclame sur la hausse incroyable de certains titres, sur l’extension de telle ou telle entreprise ; on ne tarit pas sur les millions que les étrangers ont payés à tels ou