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méthodes, qui seules pourront maintenir le labeur du sol au rang de la plus noble industrie française. C’est surtout par l’école primaire que la nécessité de ces perfectionnemens pourra s’imposer à l’entendement des gens de la culture. Mais il faut encore ici se garder, tout en reconnaissant l’efficacité d’une diffusion de l’enseignement agricole, de lui attribuer des vertus imaginaires, de tomber à cet égard dans des illusions qui constitueraient un nouveau danger. Il faut des chaires d’agriculture, des fermes-écoles, des stations d’analyse et d’expérience, mais pas trop n’en faut. Les pouvoirs publics en viendraient aisément à croire qu’ils ont témoigné pour l’agriculture une sympathie assez vive par une multiplication bruyante, accompagnée de grands discours sonores, de ces créations faciles et peu coûteuses. Le trésor s’en tirerait aisément avec quelques centaines de mille francs. On avait pris depuis plus de quinze années déjà, bien d’autres engagemens qui n’ont jamais été acquittés. Ne devait-on pas réserver exclusivement à l’agriculture le bénéfice de la première conversion du 5 pour 100 en 4 1/2 ? et cet engagement ne fut-il pas renouvelé lors de la seconde conversion en 3 1/2 pour 100 ? On sait comment a été tenue la parole donnée par les pouvoirs publics en ces deux circonstances, bien que la double opération ait réduit de plus de 100 millions l’intérêt que l’Etat paie à ses créanciers.


VI

La commission royale qui, chez nos voisins d’outre-Manche, poursuit depuis plusieurs années son enquête sur l’état de l’agriculture, a récemment publié non pas son rapport, mais ses rapports, car il y en a un de la majorité des membres de la commission et un de la minorité, sans compter ceux des membres isolés qui n’ont pu s’accorder avec l’un ni avec l’autre des deux groupes. Il s’agit d’ailleurs de rapports provisoires, la majorité alléguant le très long délai qu’aurait exigé la préparation d’un rapport final à cause de la multiplicité des sujets sur lesquels, a porté l’enquête. Ces documens n’ont malheureusement pas contribué à dissiper les obscurités de la controverse sur la détresse de l’agriculture anglaise et sur les remèdes à y apporter. Il est juste cependant de reconnaître que la majorité et la minorité de la commission se sont trouvées d’accord sur deux points : la nécessité d’alléger les charges, taxes et dîmes, qui pèsent sur les populations agricoles ; et l’opportunité d’organiser un système de prêts publics aux cultivateurs.

Il n’était vraiment pas besoin de si longs et de si minutieux travaux pour découvrir que les fermiers anglais, comme tous les