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LE
MOUVEMENT ÉCONOMIQUE

L’an dernier, dans la saison d’été, nous avions signalé à cette place quelques symptômes caractéristiques d’un retour prochain d’activité dans le mouvement des transactions internationales, d’un relèvement probable de la courbe, depuis si longtemps fléchissante, de notre prospérité économique. Les prévisions fondées sur ces symptômes se sont assez exactement vérifiées malgré la fréquence des orages politiques dans les derniers mois de l’année. Les courans de l’activité commerciale et industrielle semblent obéir à des forces sur lesquelles resteraient sans action les agitations qui troublent par accident la sérénité de la surface des sociétés. Ils se ralentissent ou s’accélèrent pour des causes plus profondes et lointaines, indépendantes des crises passagères nées des extravagances de la spéculation financière ou des défaillances de la diplomatie.

Durant les mois d’automne et d’hiver, nous avons vu successivement l’Angleterre occuper le monde entier de ses intrigues en Arménie, les représentans des six puissances établir une sorte de siège autour de la Sublime Porte, le président Cleveland faire du misérable conflit anglo-vénézuelien l’occasion d’un manifeste tumultueux. Sur le terrain boursier, le krach des mines d’or du Transvaal a ouvert la saison. Nombre de titres ont baissé en quelques jours de cent pour cent, entraînant dans leur reculade les valeurs ottomanes et causant à l’ensemble du marché un ébranlement dont il s’est d’ailleurs assez promptement remis. Des gens du monde, d’autres des fractions du monde, que le bruit de l’or avait attirés chez les financiers, perdaient des sommes