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Chambre des inconvéniens que présenterait la mesure. Certes, bien que l’esclavage n’ait pas à Madagascar le caractère odieux qu’il a sur le continent africain et qu’il a eu autrefois dans d’autres parties du monde, l’institution est abominable en elle-même, et il ne pouvait venir à l’idée de personne de la défendre. Le gouvernement, comme l’opposition, veut la faire disparaître ; il le promettait, il s’y engageait ; il demandait seulement le temps de prendre quelques mesures préalables, d’user de quelques ménagemens et précautions. Non ! pas de délais, pas de ménagemens, pas de précautions ! Les députés d’aujourd’hui ne sont-ils pas les héritiers de celui qui a dit : « Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! » L’esclavage ne saurait durer un jour sur une terre française. La loi de 1848 l’ordonne, et, à défaut de la loi, la conscience nationale l’exigera. Tous les députés des colonies ont donné ; presque tous ont été éloquens. Comment ne pas l’être sur un pareil sujet ? Et comment se refuser un aussi facile plaisir ? Au reste, ils n’avaient pas tort, et la Chambre, quelles que fussent ses perplexités intérieures, ne pouvait pas rester indifférente à l’appel qui lui était adressé au nom de l’humanité. Lorsqu’on voit un homme comme M. Denys Cochin prendre lui aussi en main la cause de l’abolition immédiate de l’esclavage, on ne peut pas le soupçonner de jouer seulement un rôle parlementaire ; ses opinions sont connues, elles sont même pour lui un héritage de famille ; comment aurait-il laissé échapper l’occasion qui s’offrait à lui de les exposer et de les faire triompher ? La cause du ministère, même auprès de ses amis, paraissait petite à côté de celle qui venait d’être invoquée. Ses résistances ne pouvaient pas être admises, même à titre provisoire. Avec le protectorat, nous n’étions pas strictement responsables de ce qui se passait à Madagascar ; nous pouvions, sous le couvert du gouvernement malgache, tolérer certains abus jusqu’au moment où il nous serait enfin permis de les supprimer sans danger. Mais avec l’annexion et le gouvernement direct, c’est autre chose. Le gouvernement n’a eu rien de mieux à faire que d’accepter un ordre du jour qui le chargeait de prendre des mesures pour abolir l’esclavage. Il a laissé entendre que, dans sa pensée, prendre des mesures était une expression qui lui assurait un certain temps de répit ; on lui a répondu par le mot d’abolition immédiate qui réduit ce temps à rien du tout. L’ordre du jour, ainsi rédigé, a réuni l’unanimité des votans. L’ouragan soufflait si fort que si le gouvernement n’avait pas plié comme le roseau de la fable, il aurait été emporté comme le chêne dans son essai de résistance : situation fâcheuse, à laquelle il est toujours regrettable de s’être exposé.

Si nous avons raconté avec quelques détails les derniers incidens qu’a traversés l’affaire de Madagascar, c’est pour mieux faire sentir la difficulté qu’il y a, dans notre système de gouvernement, à conduire à bon terme une affaire coloniale de longue haleine. Il serait facile, en