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pour appliquer la polychromie, soit par les matières naturelles, soit par les matières artificielles, à la sculpture et à tous les arts ou industries qui en relèvent. Les deux Salons, à cet égard, offrent un assez grand nombre d’objets divers dans lesquels ce problème est étudié, sous ses mille aspects, avec ingéniosité et succès, et qui pourraient fournir les élémens d’une étude spéciale.

Autour des œuvres de M. Gustave Michel, s’en rangent beaucoup d’autres dans lesquelles le sentiment moderne s’allie de même heureusement au respect libre et réfléchi des traditions antiques et françaises, et qui s’adressent directement à notre sympathie pour la représentation sincère et émue des joies ou des douleurs habituelles et communes à toute l’humanité. La tendresse maternelle s’exprime, avec la simplicité et la tranquillité classiques, dans le groupe d’une jeune femme, en tunique flottante, assise, guidant les Premiers pas de son petit garçon, tout nu, par M. Marqueste ; avec une effusion et une tendresse plus modernes dans le charmant modèle de M. Pech, un enfant montant sur les genoux de sa mère et l’embrassant à pleins bras pour lui conter Un grand secret ; les deux figures sont nues, un peu indécises encore, mais d’un mouvement souple et juste. L’amour chaste des adolescens, les doux entretiens des jeunes amans, assis l’un près de l’autre, devant le soleil ou sous les étoiles, ont trouvé leurs chantres dans MM. Laporte-Blaizy, l’auteur d’Heureux, et M. Mancel, l’auteur de Vers l’amour. On ne saurait dire que ces deux plâtres soient de tous points, satisfaisans, mais les attitudes y sont heureuses et le sentiment en est délicat. Parmi les figures expressives, dans une donnée plus classique, on ne saurait oublier l’excellent marbre de M. Mengues, Caïn et Abel. Les deux figures y semblent trop peu reliées entre elles, mais chacune, prise séparément, l’Abel surtout, étendu à terre, est un morceau d’une exécution remarquable pour la sûreté et la franchise du coup de ciseau. La Désespérance, par M. Captier, est une conception puissante et remarquablement expressive où l’auteur a heureusement assoupli sa manière parfois rude sans perdre ce sentiment de grandeur qu’il a toujours poursuivi. Nous devons citer encore le groupe d’amans enlacés, Dans les nuages, par M. Roger-Bloche, modèle un peu vaporeux que le ciseau pourra préciser, le charmant Volubilis de M. Alfred Boucher, la Bacchante de Mlle Ytasse, le Retour de M. Seysses, Vers l’idéal, de M. Miquel, la Flore de M. Mathel, l’Élégie de M. Marioton, la Daphné de M. Dercheu, l’Erigone de M. Debienne, la Désolation, de M. de Gaspary, le Châtiment, de M. Henri Vidal, le Semeur de mondes, de M. Ségoffin, la Désolation de M. Rossello, le Job de M. Desruelles, etc. Nous serions tout à fait coupables si nous ne