d’une part, et, d’autre part, MM. Berton, Tournés, Rosset-Granger, continuent à montrer leur délicate virtuosité.
M. Jules Breton est un des maîtres infatigables qui, l’un des premiers, a compris ce qu’il y avait de force et de séduction dans l’association intime du paysan vrai et de son paysage local. Que ses Artésiennes se mettent à la besogne dès l’aurore, ou qu’elles se reposent, à la chaleur du jour, on sent qu’elles vivent dans la plaine, bien chez elles, à leur aise, dans l’atmosphère saine, mêlée de brumes et de rayons, à qui elles doivent leurs allures vives et leurs visages pensifs. Un délicat accord du même genre retient les yeux sur les Souvenirs de Bretagne, par M. Edmond de Palézieux (les adieux d’un marin et d’une paysanne au bord de la mer). Le paysage et les gens s’y associent naturellement et s’y complètent. Il est à remarquer que parmi les bretonnans d’aujourd’hui, se trouvent beaucoup d’étrangers. M. de Palézieux est Suisse, M. Bulfield est Anglais, M. Marinitsch est Autrichien ; tous deux connaissent leurs marins de Bretagne et peignent bien les loups de mer, hérissés et tendres, brutaux et bonasses, lorsqu’ils se rencontrent en terre ferme, par des jours brumeux, dans quelque boutique ou cabaret bas et obscur (Chez le Barbier ; les Trois Pilotes). On regrette que les intentions ethnographiques, plus étendues et plus ambitieuses, qu’on constate et qu’on approuve dans les grandes peintures de M. Deyrolle (La Procession), et de M. Chigot (Pèlerinage de Saint-Jean-sur-Mer), n’y aboutissent pas à un effet plus soutenu pour l’ensemble, ni à des rendus plus fermes et plus expressifs dans la détermination des types. M. Dagnan a cependant donné sur ce point des exemples qu’on pourrait suivre.
Il faut aller au Champ-de-Mars pour trouver une intelligence plus profonde et plus virile des naïvetés héroïques de la vieille race armoricaine. Toutes les études au Pays de la mer, incomplètes et brutales, par M. Cottet, ont un accent de rudesse forte et gauche qui, malgré tout, retient autant qu’elle étonne. Quelques-unes, comme la Vieille aveugle, ont une sorte de grandeur sauvage qui sent son primitif, et la peinture, d’une matière forte et grasse, est tout imprégnée de cette chaleur intense, si rare en ce temps d’anémie, que nous avions signalée, dès le début de l’artiste. M. Cottet, évidemment, tâtonne et se débat, dessinateur incertain, sous le poids même de la matière abondante et généreuse, mais opaque et lourde, dans laquelle il taille plus qu’il ne modèle ses figures massives ; on peut espérer que son tempérament robuste sortira victorieux de cet honorable labeur. Malgré ses insuffisances, ce tempérament est, d’ailleurs, si marqué que,