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faites par quelques contemporains, ceux qui, vers la même époque, sur la fin du romantisme, allèrent, comme lui, demander à l’Italie des conseils techniques pour la réalisation de leurs rêves, Gustave Moreau, Paul Baudry, Elie Delaunay, Henner, etc.. C’est là qu’on saisirait, sur le vif, dans la spontanéité de leurs recherches, la diversité des tempéramens chez ces braves et beaux artistes qui ont fait tous un égal honneur à leur génération. Comme dessinateur, sous le rapport de la précision, de l’analyse intense et pénétrante des formes et des physionomies, M. Puvis de Chavannes n’y pourrait, à coup sûr, lutter avec quelques-uns d’entre eux ; comme artiste, on l’y verrait, le premier, affirmer sa personnalité et sa façon naturellement classique de comprendre la vie et d’interpréter la nature. Ce qu’il est aujourd’hui, il l’a été presque dès la première heure, et la consultation constante de la figure réelle n’a été pour lui qu’une occasion constante de la voir agrandie et ennoblie par la noble grandeur de son rêve.

L’antiquité, qui a été la première maîtresse du peintre, est restée toujours sa plus sûre conseillère ; il n’a jamais gagné à l’abandonner, car il ne sait guère appliquer les douceurs harmonieuses de son fier langage à la traduction de faits précis ou de figures prochaines. Les cinq panneaux décoratifs destinés à la Bibliothèque de Boston, inspirés par des souvenirs antiques, compteront parmi ses meilleurs ouvrages. Les sujets, à la fois traditionnels et grandioses, n’exigeant l’emploi que de deux ou trois figures d’une attitude expressive dans un paysage approprié, y sont présentés avec cette simplicité grave et émue qui est la plus grande et la plus rare, en notre temps, des séductions pittoresques. Deux bergers chaldéens, nus, contemplant le ciel étoile, par une nuit délicieusement claire, non loin de leur compagne, moins curieuse, qui repose sous sa hutte de branches, représentent l’Astronomie. Ils n’éprouvent point, sans doute, à scruter, de leurs yeux éblouis, l’espace illuminé, cette angoisse poignante dont le pauvre Leopardi entendait l’écho sur les lèvres de son pasteur errant dans ces champs de l’Asie ; moins modernes, moins pessimistes, ils sont plus vrais dans leur extase naïve et profonde ; le ciel, d’un gris perlé, délicat et exquis, les baigne d’une indescriptible et chaste volupté. Dans les cinq panneaux, d’ailleurs, les ciels sont délicieux, à la fois variés et raccordés, et justement nuancés pour la signification du personnage. Cette délicatesse de goût n’est pas nouvelle dans l’œuvre de M. Puvis de Chavannes mais elle s’y marque, cette fois, d’autant mieux, que ces effets divers, dans un même sentiment, y sont plus rapprochés. C’est ainsi que pour accompagner le doux Virgile, en robe mauve, qui suit le bord