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L'ARMÉE DE MÉNÉLIK


I

On connaissait en détail le nombre et la composition des troupes italiennes vaincues à Adoua et dont les débris se sont concentrés en Erythrée, vers Massaouah, mais on savait peu de choses de l’organisation, des effectifs et de l’armement des forces que Ménélik, l’empereur éthiopien, a levées pour repousser l’invasion[1].

  1. On a maintenant sur l’armée abyssine des renseignemens directs, émanant d’hommes dignes de foi et impartiaux. Nous citerons notamment M. Casimir Mondon, publiciste français, rédacteur du journal officiel abyssin, auteur d’une grammaire éthiopienne et qui envoie au Temps des correspondances remarquables.
    M. Gaston Vanderheym, autre Français, ayant séjourné dans le Choa jusqu’en 1895, et qui a publié des récits du plus haut intérêt.
    M. Ilg, ingénieur suisse, jouissant depuis vingt ans de la confiance de Ménélik, et qui, revenu en Europe avec une mission diplomatique, a fourni des notes précieuses.
    Deux officiers russes, le capitaine Léontieff, qui a conduit dernièrement une mission abyssine jusqu’à Saint-Pétersbourg, et le capitaine d’artillerie Zwiaguine, qui a visité l’Ethiopie, ont également communiqué des renseignemens puisés à bonne source.
    Parmi les Italiens, nous signalerons le capitaine Cecchi, qui a décrit savamment l’Abyssinie septentrionale ; le major Salsa, qui a rempli des missions auprès du négus, et dont les dires sont venus corroborer les rapports si instructifs adressés, au gouvernement italien, par le comte Antonelli et l’explorateur Franzoi ; puis M. Felter, qui a longtemps résidé au Harrar et qui s’est rendu plusieurs fois auprès de Ménélik pour traiter de la singulière capitulation de Makalé ; le médecin militaire Mozetti, détaché gracieusement de l’armée expéditionnaire pour donner ses soins à un lieutenant du négus, et le docteur Traversi, reçu à la cour éthiopienne comme agent du gouvernement de Rome.
    Les généraux Baratieri et Arimondi avaient déjà publié, sur les forces abyssines, des appréciations en partie erronées. Après la bataille d’Adoua. le général Ellena, avec plus de connaissance de cause, a donné aussi son jugement.
    Enfin plusieurs officiers du corps expéditionnaire, un moment prisonniers, ont transmis le résultat de leurs observations aux correspondans italiens, entre autres, à MM. Candeo, du Don Marzio ; Bizzoni, du Secolo ; Rossi, du Corriere della Sera ; del Valle, du Popolo Romano ; Mercatelli, de la Tribuna ; ainsi qu’à M. Macola, député de Venise et officier de réserve, qui a voulu faire campagne et a renseigné le Times.