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LE
GOUVERNEMENT DE LA DÉFENSE NATIONALE

II.[1]
LES IDÉES ET LES HOMMES


I

Les hommes du 4 Septembre avaient assumé une double tâche, militaire et politique. Comment étaient-ils préparés à l’une et à l’autre ?

Des onze députés que l’émeute avait portés au gouvernement, six étaient avocats, cinq publicistes ; plusieurs partageaient leur vie entre le journalisme et le barreau. Ces deux professions sont peut-être celles qui habituent l’intelligence à se répandre sur le plus de sujets et à saisir avec le plus de promptitude les apparences de toutes choses, mais lui donnent le moins de temps pour se fixer nulle part et descendre aux profondeurs solides. Elles tiennent pour essentiel de bien défendre les causes, pour secondaire de les bien choisir, engagent le point d’honneur dans toute opinion adoptée, enseignent le mérite du raisonnement, fût-ce contre la raison, ne touchent aux réalités que par des théories, enfin, favorisent cette erreur que les thèses sont l’essentiel de la vie et que parler est agir. La vocation première ne prédisposait donc

  1. Voyez la Revue du 1er mai. Dans le précédent article, page 248, ligne 19, après ces mots « M. Chevreau l’avait quitté », lire « depuis le 10 août, pour le ministère de l’Intérieur et n’avait pas été remplacé à l’Hôtel de ville. Le secrétaire général, M. Alfred Blanche, s’y trouvait seul. »