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LES COLONS FRANÇAIS
ET LE COMITÉ DUPLEIX

M. Gabriel Bonvalot, le célèbre voyageur, a fondé récemment, sous le titre de Comité Dupleix, une société d’encouragement à la colonisation, dont le but, comme il est dit dans le premier article des statuts, est « d’attirer l’attention sur les colonies, de les faire mieux connaître, de préparer à la vie coloniale les Français susceptibles de devenir colons. » Il n’est pas nécessaire de réfléchir longtemps pour reconnaître l’utilité et l’opportunité de cette fondation, dont M. Bonvalot » fait sa grande affaire. Qu’il voyage ou qu’il s’occupe de faire voyager les autres, il se donne tout entier à ses entreprises ; il a découvert depuis longtemps que c’est le secret de tous les succès. Il est de la race des amoureux ; son idée est sa dame, et il arrêterait volontiers les paysans dans la rue pour les contraindre à confesser qu’il a placé ses affections en haut lieu. Sa grande idée est que, la France ayant acquis en peu de temps par sa diplomatie et par ses armes un vaste empire colonial, il y va de son honneur d’en tirer le meilleur parti possible, de démontrer au monde qu’elle ne s’entend pas seulement à acquérir, à posséder, qu’elle s’entend aussi à faire valoir son bien. L’accueil fait par le public à la nouvelle société a prouvé qu’elle répondait à un besoin réel. Elle a été créée il y a près de dix-huit mois ; on a employé la première année à s’organiser, à se procurer des cotisations, à établir des dossiers, à chercher et à trouver des correspondans dans toutes nos colonies. On est entré désormais dans la période active, et il n’est pas de jour où le secrétaire général du comité Dupleix, M. Arthur Maillet, ne reçoive dans ses bureaux de la rue de Choiseul de nombreuses lettres et de nombreuses visites de gens qui, se sentant le pied léger, ne demandent pas mieux que de s’expatrier, et qui lui disent : « Nous sommes disposés à passer les mers, à aller tenter fortune au Tonkin, à Madagascar ou plus près de nous, en Tunisie, en Algérie. Renseignez-nous, conseillez-nous. »