Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 135.djvu/597

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rivalités d’ambition, les partis sont, en leur masse, cohérens et disciplinés ; que ces partis ne sont pas acéphales comme les nôtres, qu’ils ont des chefs ; qu’il n’est point de parlement au monde où se rencontre plus de talent, d’éloquence et de savoir qu’aux Cortès ; et que, somme toute, malgré ce qu’on peut, de loin ou à première vue, croire une assertion paradoxale, l’Espagne est peut-être, de nos États occidentaux, celui qui aie mieux observé, depuis vingt ans, la pratique essentielle du parlementarisme anglais, la règle des deux unités du parlementarisme classique : deux grands partis ayant une doctrine, un programme, une « équipe de gouvernement », se combattant dans le champ de la constitution, et se succédant au pouvoir.


Les villes libres et hanséatiques. — Brême.

Remontons vers le Nord. Nous retrouvons en Allemagne trois petites républiques, — trois États communaux, — les trois villes « libres et hanséatiques » de Lübeck, Brême et Hambourg. Leurs institutions se ressemblent et sont un amalgame d’ancien et de moderne ; c’est une organisation ancienne, accommodée aux idées et aux nécessités modernes, mais où le moderne l’emporte.

Dans ces trois villes libres et hanséatiques, à Lübeck comme à Brême et comme à Hambourg, le pouvoir suprême est partagé entre deux assemblées : un Sénat, de 14 ou 18 membres, une Bourgeoisie (Bürgerschaft) de 150 ou 160 députés. Une disposition, commune aux trois cités, veut que des 14 sénateurs, à Lübeck, six au moins, soient des jurisconsultes et cinq au moins, des commerçans ; que des 18 sénateurs, à Brême, dix au moins soient jurisconsultes et cinq commerçans ; à Hambourg, que neuf au moins aient étudié le droit et les finances, et que sept au moins exercent ou aient exercé le commerce.

Les Bourgeoisies, ou, pour être tout à fait exact, la Bourgeoisie de Brême peut être citée comme un type de représentation professionnelle moderne, et de représentation professionnelle complète, à la différence du système autrichien. Sont électeurs et éligibles à la bourgeoisie de Brême les citoyens âgés de 25 ans et depuis trois ans domiciliés au lieu du vote. Ils sont divisés en huit classes dont chacune élit ses propres députés.

La première classe comprend les électeurs de la cité de Brême munis de diplômes universitaires ; elle élit 14 députés. La seconde comprend les commerçans de la ville même, et elle nomme 42 députés. La troisième classe se compose des industriels de l’État entier, répartis en dix sous-classes suivant la variété des professions : elle nomme 22 députés. La quatrième classe