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anciennes, les autres des commencemens d’institutions tout récemment introduites ou réintroduites. Survivances donc et renaissances, ainsi classerons-nous, sous ces deux espèces, les exemples de représentation organique que les diverses législations peuvent fournir ; et sans doute le classement sera un peu artificiel, car, si des institutions très anciennes survivent, c’est qu’elles se sont accommodées, façonnées aux temps et aux mœurs ; si des institutions naissent et se développent, c’est qu’elles ont, derrière elles, à quoi s’attacher et de quoi se nourrir.

Entre les survivances et les renaissances, l’histoire coule ; elle les baigne toutes, et par les unes comme par les autres s’établit la vérité de cette proposition : que l’histoire n’est ni réactionnaire, ni révolutionnaire, mais bien conservatrice et évolutionniste. Le même esprit habile les vestiges et les germes, et c’est l’esprit de vie : — de la vie qui se continue et se transforme, qui ne se continue qu’en se transformant, et ne se transforme que pour se continuer. Mais enfin, quoique artificiel à certains égards, il est permis d’admettre ce classement : vieilles formes, et formes nouvelles ou renouvelées : nous le suivrons. Puis, après que nous aurons montré, par des exemples des deux espèces, tirés des législations étrangères, que la représentai ion proclamée théoriquement la meilleure et historiquement la plus fondée persiste ou renaît, c’est-à-dire vit, du moins en partie, ailleurs, au dehors, dans un milieu autre, mais voisin, il nous restera à montrer qu’elle vivrait aussi chez nous et dans notre milieu à nous ; qu’en France même elle est possible, qu’elle est pratique. Ce sera surtout l’affaire des chiffres et des faits.

Pour aujourd’hui, on ne cherche que des exemples, où ils sont, au-delà des frontières. On veut prouver d’abord que, dans l’Europe contemporaine, quelque part existe quelque chose qui ressemble à une représentation organique, à une représentation réelle du pays. Ensuite on tâchera de prouver que ce quelque chose, il serait possible, il serait pratique, il serait facile de l’adopter en nous l’adaptant, et, en y mettant notre marque nationale, d’en faire, à notre bénéfice, et pour retourner le mot trop fameux, « un article d’importation ».


I. — SURVIVANCES OU FORMES ANCIENNES D’UNE REPRÉSENTATION ORGANIQUE.

Ce qui, d’une manière générale, peut servir à distinguer les formes anciennes de la représentation organique de ses formes nouvelles, c’est que les anciennes formes utilisent, copient, et en quelque sorte épousent de préférence les groupemens d’origine