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représentant plus de 10 000 francs. Sans doute on ne peut compter sur des pépites, mais les poches de grande richesse superficielle sont très fréquentes, faciles à travailler et n’exigent pas d’avances de fonds importantes ; ces gisemens font la fortune du « prospecteur individuel » ou de très petites associations. Ils causent souvent, au contraire, de très grands déboires aux compagnies qui se sont constituées avec un capital important, pour exploiter un filon d’abord très riche, puis qui disparaît brusquement. Ce n’est pas à dire que toutes les mines de l’Australie de l’ouest soient dans ce cas, et il y a, en plusieurs endroits, de ces vastes régions aurifères, qui s’étendent sur un espace plus grand que la France, des groupes de filons puissans qui semblent assez réguliers. L’or visible, si exceptionnellement rare dans les conglomérats gris-bleu du Transvaal, est au contraire très fréquent et se montre parfois en grosses paillettes dans les quartz, les porphyres décomposés, les roches ferrugineuses, qui forment les filons de l’Australie occidentale.

La grande difficulté qui s’est opposée au développement de l’industrie jusqu’à présent est la rareté de l’eau. Le procédé universel d’extraction de l’or : broyage des minerais sous des pilons, où arrive aussi de l’eau qui entraîne les boues sur des tables amalgamées, dont le mercure retient l’or, exige de grandes quantités de liquide. Il est vrai qu’il n’y a point ou peu d’inconvéniens à se servir d’eau salée pour cette opération, mais l’eau salée elle-même se paye en certains points de l’Australie de l’ouest, et le directeur d’une des plus anciennes mines me disait qu’il l’achetait à une autre compagnie plus heureusement partagée, et qu’elle lui revenait à 2 francs l’hectolitre. Comme on ne peut se servir d’eau salée pour les chaudières, on a dû adopter des moteurs à huile minérale. Le transport des machines et de tous les matériaux est très dispendieux, en l’absence de chemins de fer, en grande partie encore à cause de la rareté de l’eau. Il en résulte aussi l’élévation des salaires : ceux-ci stipulent toujours une somme fixe qui est le plus souvent pour les mineurs, tous Européens, de 88 francs, en certains points éloignés 100 francs par semaine, plus la fourniture de l’eau ; la ration de chaque homme est souvent réduite à 4 litres et demi par vingt-quatre heures. On a cherché naturellement des procédés permettant de traiter directement les minerais, réduits en poussière, par des réactifs chimiques, sans intervention de l’eau. Il semble qu’on soit sur le point de réussir. D’autre part l’achèvement, depuis un mois effectué, du chemin de fer jusqu’à Coolgardie et plus tard Kalgoorlie, les deux principaux centres miniers,