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200 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, au milieu des forêts toujours vertes. Le plus haut sommet des « Alpes » néo-zélandaises, le mont Cook, atteint 3 700 mètres, 1 100 de moins que le Mont-Blanc ; mais, dans le sud de la Nouvelle-Zélande, la ligne des neiges perpétuelles est plus basse qu’en Suisse, et l’ensemble de la chaîne de montagnes, vue des plaines de Canterbury, qui s’étendent au pied du versant oriental, n’est pas moins grandiose que les véritables Alpes. Les grandes nappes d’eau qui s’allongent dans les vallées méridionales des mêmes montagnes ajoutent encore à la ressemblance, et les bords du lac Wakatipu ou du lac Te-Anau ne le cèdent guère en beauté à ceux du lac des Quatre-Cantons. L’île du Nord contient moins de sites imposans que l’île du Sud, mais elle est plus étrange, grâce aux extraordinaires phénomènes qu’y font naître les forces volcaniques toujours en activité. Les environs du lac de Rotoroua sont semés de geysers, de sources chaudes, de mares de boue bouillante ; dans le vallon de Whakarewarewa, les colonnes de vapeur sortant de terre s’élèvent de tous côtés. Malheureusement le plus beau de ces sites a été détruit il y a dix ans. La Terrasse blanche et la Terrasse rose, se faisant vis-à-vis sur les deux rives du petit lac de Rotomahana, étaient une merveille unique au monde. Formées par les incrustations séculaires des sources minérales, elles descendaient en gradins vers le lac, au milieu des fougères arborescentes ; l’eau bouillante des geysers qui les dominaient et d’autres sources du voisinage alimentaient le lac qui se déversait dans un autre situé plus bas par un large ruisseau d’eau chaude. La nuit du 9 au 10 juin 1886, une colline que nul ne croyait être un volcan s’entr’ouvrit tout à coup, vomit de la lave et des cendres ; de violentes secousses de tremblemens de terre se succédèrent de dix en dix minutes. Lorsque le jour se leva, le 10 juin, à midi seulement, le lac de Rotomahana n’existait plus : toute la luxuriante végétation des environs avait disparu ; cent personnes avaient péri. Aujourd’hui de mornes champs de lave s’étendent à la place des fameuses terrasses, et, dans le pays environnant, les tranchées des routes permettent de voir que le sol primitif a été recouvert de près d’un pied de cendre. Il existe encore plusieurs terrasses blanches, moins belles que celle qui a été détruite, mais la Terrasse rose était unique. Les geysers de Whakarewarewa et de Wairoki, les fumerolles, les sources chaudes répandues à profusion ne suffisent pas encore à l’échappement des vapeurs souterraines ; les tremblemens de terre y sont très fréquens et au centre de l’île se trouve un grand massif volcanique dont l’activité n’est pas tout à fait éteinte. On l’aperçoit