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principaux élémens de prospérité de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, les gisemens de métaux précieux, m’était encore signalé par la spéculation locale sur les mines d’or des districts de Thames, situées à quelque quinze lieues d’Auckland, au-delà du golfe d’Hauraki. En revanche, l’autre grande source de richesse de ces pays, l’élevage du mouton, n’existe guère dans cette partie de la Nouvelle-Zélande.

L’ensemble des grandes colonies britanniques des Antipodes, que les Anglais désignent sous le nom d’Australasie, forme un tout remarquablement homogène, sans rien du mélange extraordinaire de races que l’on trouve aux Etats-Unis : les mêmes élémens de prospérité ont favorisé leur développement, les mêmes causes de force et de faiblesse se trouvent dans les sociétés qui s’y sont constituées. Toutefois, l’histoire de leur formation et même leur état actuel sont caractérisés par quelques différences qui tiennent à la nature des lieux, du sol et du climat, aussi bien qu’à l’a diversité des populations indigènes que les hommes de notre race ont rencontrées d’une part en Australie, de l’autre en Nouvelle-Zélande lorsqu’ils sont venus s’y établir, il y a un siècle à peine. Sur une carte, le contraste entre le massif continent australien, dont la moitié appartient à la zone torride, et les îles aux côtes capricieusement découpées de la Nouvelle-Zélande, frappe d’abord les yeux, et l’esprit conçoit aussitôt les diversités de climat et de végétation qui doivent résulter des différences géographiques.

L’archipel de la Nouvelle-Zélande, situé aux antipodes de l’Espagne et du golfe de Gascogne, comprend deux grandes îles et à l’extrême sud la petite île Steward, et s’étend sur une surface égale à la moitié de celle de la France. Malgré sa taille exiguë c’est une terre de violens contrastes et d’étrangetés. Dans l’île du Nord, à la même distance de l’Equateur que l’Andalousie et la Sicile, on trouve le même climat favorisé, un peu plus doux même en hiver, un peu moins chaud en été, tandis qu’à l’extrémité de l’île du Sud, où la latitude correspond à celle de la Bretagne, les immigrans d’Ecosse, qui l’ont surtout peuplée, s’ils ont un peu moins de brume et de froidure en hiver, n’ont pas à subir des étés plus chauds que ceux de la mère patrie.

La côte du sud-ouest est découpée en fiords profonds, où les montagnes tombent droit dans la mer, et qui surpassent même ceux de la Norvège, grâce à la variété et à l’exubérance de la végétation qui recouvre leurs bords partout où le rocher n’apparaît pas à nu. D’immenses glaciers, dont le plus grand a 30 kilomètres de long sur 2 de largeur moyenne, y descendent jusqu’à