Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 135.djvu/465

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE MUSICALE

OPERA : Hellé, opéra en 4 actes ; paroles de MM. du Locle et Nuitter, musique de M. Alphonse Duvernoy. — OPERA-COMIQUE : Le Chevalier d’Harmental ; opéra-comique en cinq actes ; paroles de M. Paul Ferrier, d’après Dumas et Maquet, musique de M. André Messager.

Si « c’est une entreprise hardie que d’aller dire aux hommes qu’ils sont peu de chose », on ne risque pas moins à leur dire que leurs œuvres sont peu de chose également. Et l’ennui, les scrupules d’une telle démarche s’accroissent, lorsque l’œuvre est d’un homme pour lequel on éprouve la plus amicale sympathie… Je crains qu’à ce début vous n’ayez deviné tout ce qui va suivre.

« Les paroles de cet opéra ont paru généralement mauvaises et la musique médiocre. » C’est en ces termes concis que le Mercure de France, en 1779, rendait compte d’une Hellé du sieur Lemonnier poulies paroles et du sieur Floquet pour la musique. Cela semble écrit d’hier, et de la nouvelle Hellé je ne vois malheureusement guère autre chose à dire. De celle-ci encore, les paroles ont paru mauvaises : livret sans intérêt ni vraisemblance, personnages sans caractère et sans vie. On a difficilement admis la conservation jusqu’au milieu du XIVe siècle, et l’exercice aussi prolongé par une congrégation de femmes, du culte antique de Diane, fût-ce en un pli caché du golfe thessalien. Dans l’âme surtout de la prêtresse, les vœux et la foi païenne ont semblé des ressorts que le temps devait avoir singulièrement affaiblis. C’est peu de n’avoir contre l’amour, brutal ou chevaleresque, d’autre défense qu’un sacerdoce aussi attardé. C’est peu pour résister d’abord, et quand on a cédé, c’est peu encore pour en mourir. Quoi qu’il en soit, apprenez qu’Hellé résista longtemps, et d’une double résistance. Au père, pour