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ressort pas la physionomie tourmentée, mais lumineuse et bienfaisante de l’un des maîtres de la vie spirituelle aux prises avec le redoutable problème de l’autorité, j’aurai écrit en vain. Non que je songe à contester la part qu’ont eue à la résolution définitive de Manning des incidens comme le fameux jugement dans l’affaire du Révérend George C. Gorham. Tout ce que je prétends, c’est que, pour Manning comme pour Newman, l’impulsion finale ne fit que déterminer un acte depuis longtemps préparé par une évolution tout interne.

Le Révérend G. Gorham était un ecclésiastique dont l’ordination remontait à 1811, c’est-à-dire à une époque de relâchement disciplinaire et doctrinal. Après avoir reçu une première fois l’institution, sans la moindre difficulté, de l’évêque d’Exeter, il se la vit ensuite refuser par ce même prélat, à la suite d’un échange de bénéfices, à cause de ses vues sur ou plutôt contre la régénération baptismale. Gorham en appela de ce refus à la Cour des Arches, tribunal ecclésiastique de la province de Canterbury. Battu en cette instance, il porta son appel devant le comité judiciaire du Conseil privé, c’est-à-dire devant le ressort suprême de la justice anglaise. C’était un tribunal purement laïque en droit, puisque c’était la reine, en sa qualité de chef de l’Etat et, par conséquent, suivant la théorie protestante du summus episcopus, de chef de l’Eglise, qui y rendait la justice. La présence comme assesseurs, et à titre purement consultatif, de trois prélats, ne changeait rien à la chose, d’autant plus qu’ils étaient en minorité contre les laïques. Cette cour se prononça en faveur du pourvoi du Révérend G. C. Gorham. Deux faits ressortirent de ce jugement avec une évidence invincible.

Le premier : la suprématie royale. On le connaissait bien. Il était, depuis Henri VIII et Elisabeth, à la base de la réforme anglaise et de l’établissement anglican. Toutefois, d’ordinaire, on le voilait discrètement. Toute la réaction anglo-catholique l’avait tacitement ignoré. On parlait de l’Eglise universelle, des conciles, de la règle de foi : on oubliait systématiquement que toutes ces belles choses étaient de la théorie pure et qu’en fait ce que croyait, ce que professait, ce que devait croire et professer l’Église d’Angleterre, c’était ce qu’avait voulu Henri VIII, ce qu’Elisabeth avait institué, ce que Victoria maintenait. Le jugement du Conseil privé était un rappel à la réalité.

En second lieu, cette usurpation de l’Etat, devenu juge suprême de la doctrine, ne demeurait pas une simple fiction juridique. Elle s’exerçait cette fois contre l’autorité épiscopale et en faveur d’une hérésie définie. Non seulement l’Église était