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imprudence, une incorrection, une faute. La malignité, pour cette fois, fut déçue. L’enfant avait bien été indignée ; livrée à son propre sens, elle se fût compromise aussitôt et pour longtemps. Mais, sans perdre une minute, Mercy lui a fait parvenir par Vermond des avis très pressans : laisser paraître son déplaisir du départ d’un ministre honoré des bontés de sa mère, le plaindre du malheur d’avoir déplu au Roi, éviter toute justification, toute allusion à ses ennemis, ignorer surtout les moyens qu’ils ont employés pour le perdre et la main de femme qui les a conduits. Marie-Antoinette, sentant la situation grave, tremblant pour l’alliance, devinant les anxiétés de sa mère quand elle apprendra la nouvelle, obéit à ses conseillers. Elle se contient ; à peine laisse-t-elle échapper quelques vivacités chez ses tantes, exaspérée de voir Madame Adélaïde, du jour au lendemain, abandonner Choiseul et dauber sur les vaincus. En somme, aucune maladresse sérieuse, aucun mot dangereux, que les oreilles aux aguets puissent retenir pour le Roi.

Il sort cependant, pour Marie-Antoinette, de la disgrâce de Choiseul un résultat que les auteurs n’en ont pas prévu. Elle devient, pour l’opinion soulevée, le symbole d’une revanche future ; elle porte en elle les espérances de tout un parti, le plus actif de la nation, le plus remuant et le plus nombreux, « cette immense et puissante société de M. de Choiseul », dont le prince de Talleyrand a si bien dénombré les forces. Le parti va compter sur elle, et sur elle seule, pour un temps qui ne peut être bien éloigné. Le Dauphin n’a rien laissé voir de ses sentimens sur l’acte accompli ; mais on ne doute pas que la Dauphine ne prenne sur lui assez d’empire pour exiger, le jour où il sera le maître, le retour du grand homme au gouvernement.

De leur côté, les vainqueurs du moment ne songent pas sans inquiétude que Marie-Antoinette, autant que l’annonce le caractère du Dauphin, est la puissance de l’avenir. Le Roi vieillit chaque jour ; il a de fréquentes indigestions, des alourdissemens. S’il « dételle », comme l’y engage son médecin, il peut se dégoûter de sa maîtresse ; un retour à la religion serait pour elle et pour les siens un signal d’exil. Or, Marie-Antoinette, qui a su inspirer à Louis XV un goût durable, de qui il aime baiser les jeunes mains, cette petite fille élégante et gracieuse le ressaisira un jour ou l’autre, en même temps qu’il reviendra aux honnêtes mœurs. La force qui est en elle, et qu’elle ignore elle-même, ne peut aller que grandissant. En dépit de ses froideurs, de ses propos chez Mesdames, qu’on peut croire inspirés par Mesdames seules, on espère apprivoiser sa sauvagerie, désarmer sa malveillance. Il serait, en tous cas, d’une mauvaise politique de la heurter de