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MARIE-ANTOINETTE
ET MADAME DU BARRY

L’archiduchesse Marie-Antoinette avait épousé, le 16 mai 1770, le Dauphin petit-fils de Louis XV. Elle avait trouvé installée à la Cour la comtesse du Barry, présentée au mois d’avril de l’année précédente. Au souper de la Muette, la veille du mariage, la favorite s’était assise avec la famille royale, et Marie-Antoinette ayant demandé la charge de cette dame, on lui avait répondu qu’elle avait pour fonction « de distraire le Roi ». « Alors, avait répondu la jeune fille avec la candeur de ses quinze ans, je veux être sa rivale. » Une rivalité s’engageait, en effet, tout autre qu’elle ne l’attendait, entre cette innocence et ce vice, une lutte sourde d’abord, bientôt visible et touchant aux plus hauts intérêts de la politique. Des documens récemment parus et quelques autres inédits encore permettent de compléter les anciens récits de ces curieux épisodes de l’histoire du règne[1].

Il y a maintenant deux femmes à la cour de Louis XV pour appeler en même temps et presque sur le même rang l’attention publique. Elle s’y passionne vite et devient curiosité sympathique ou dénigrement, suivant les intérêts, les vues politiques, les habitudes morales de chacun. Avant l’arrivée de

  1. Le fond de la narration reste la correspondance de Mercy-Argenteau, publiée par M. d’Arneth et Geffroy et qu’on n’a pas encore, semble-t-il, utilisée complètement ; on peut la contrôler aujourd’hui par l’important appendice de la nouvelle correspondance publiée par MM. d’Arneth et Flammermont. Nous n’avons pas à mentionner ici les autres sources imprimées, mais il est juste de reconnaître le précieux contrôle trouvé dans le Secret du Roi, de M. le duc de Broglie, et la Question d’Orient au XVIIIe siècle, de M. Albert Sorel. Les sources inédites consultées pour cet article se réduisent au journal de Hardy, à la Bibliothèque nationale, et à quelques dossiers de la série O1 des Archives nationales (lettres de Louis XV, de la duchesse de Villars, correspondance du directeur général des Bâtiments du Roi).