Cependant, l’archevêque de Westminster s’était trouvé appelé, sur le théâtre des grandes affaires, à jouer un rôle de premier ordre. La définition du dogme de l’infaillibilité personnelle du souverain pontife était à l’ordre du jour. Cette histoire est encore si proche de nous qu’il est difficile de l’écrire avec toute l’impartialité qui convient. Jusqu’ici, le grand public l’a peut-être trop vue à travers les récits des adversaires. L’opposition s’était recrutée en grande partie dans le camp de ce catholicisme libéral dont les nobles champions, les Montalembert, les Gratry, les Dupanloup, les Lacordaire, ont à si juste titre conquis les sympathies de tous les esprits généreux. Sans doute, en France, presque tous ceux qui avaient combattu la définition se soumirent, en enfans dociles de l’Église : en quoi, du reste, ils eurent d’autant moins de peine qu’ils ne faisaient après tout que leur devoir élémentaire de catholiques, et que la plupart d’entre eux n’avaient contesté que l’opportunité de cette décision. Il n’en est pas moins resté, chez beaucoup, une sorte de préjugé défavorable contre les principaux promoteurs du décret du concile. Deux considérations semblent pourtant assez propres à affaiblir cette impression. Tout d’abord, le développement ultérieur des destinées du vieux catholicisme, c’est-à-dire de cette fraction des opposans, surtout en Allemagne, qui ne s’inclinèrent pas devant la proclamation du dogme, n’est guère de nature à éveiller de bien vives sympathies. Si jamais Église ou secte s’est appuyée de tout son poids sur le pouvoir civil, si jamais schisme naissant crut pouvoir profiter, non seulement des faveurs de l’État, mais encore d’une persécution contre l’Église rivale, comme le fut le Kulturkampf, ç’a bien été le vieux catholicisme allemand. Il y a, certes, dans le clergé et parmi les laïques de ce petit troupeau, des hommes profondément respectables : le nom de Dœllinger était à lui tout seul un drapeau. On ne peut, toutefois, se dissimuler que cette prétendue réforme a avorté, — bien plus, qu’elle a mérité d’avorter, — comme tous les mouvemens soi-disant spirituels qui font appel au bras séculier et qui lui offrent, en échange de sa protection, les services d’une religion d’État. D’autre part la définition du dogme de l’infaillibilité n’a nullement produit les résultats que prédisaient ses adversaires. Il a pu paraître, au contraire, à toute une grande école, que cette consommation de l’œuvre de la concentration de l’autorité spirituelle entre les mains du vicaire de Jésus-Christ avait eu quelque chose de providentiel. À la veille des événemens qui devaient dépouiller le Saint-Siège de son patrimoine et réduire la papauté à l’état d’une puissance purement idéale, il n’était pas indifférent qu’autour du front d’un pontife qui n’est plus qu’un vieux et faible prêtre, il y eut l’auréole
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