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LE
GOUVERNEMENT DE LA DÉFENSE NATIONALE


I.
L'AVÈNEMENT


I

J’ai dit la fin du second Empire[1]. Je voudrais raconter comment s’éleva à sa place un gouvernement nouveau.

L’Empire avait été la haine commune d’adversaires qui ne le voulaient détruire ni par les mêmes moyens, ni pour les mêmes raisons. Les socialistes et les démagogues, consciens de la crainte que leurs espérances inspiraient au pays, et certains de ne jamais ramasser le pouvoir sinon dans la rue et par surprise, travaillaient à une révolution violente. Les amis de la liberté politique, trop justifiés par nos désastres de leurs griefs contre l’autorité absolue, mais d’autant plus soucieux de ne pas substituer à l’absolutisme d’un homme celui d’une secte ou d’une classe, espéraient obtenir du Corps législatif l’élimination de la dynastie et une investiture régulière qui, sans interrègne, consacrât et limitât tout ensemble le changement de régime. Le 4 septembre, l’invasion du Palais-Bourbon par l’émeute, au moment où le Corps législatif allait établir ce nouvel ordre de choses, avait été une première défaite des modérés. Si les violens

  1. Voir la Revue des 1er janvier, 15 janvier, 15 février 1895 et le volume Études sur le second Empire ; in-8, Calmann Lévy, 1895.