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« Mais, avant de recouvrir
Ce front où j’ai vu fleurir
Tant d’espérance, et mourir
La gaîté de ma demeure,
Laisse mes quatre blondins,
En baisant ces yeux éteints,
Apprendre qu’il faut qu’on meure… »

« — Plieuse, aux vieux vagabonds
Que tes soins aussi soient bons ;
Ils couchèrent sous les ponts,
Ou même à la belle étoile ;
Que leurs pauvres cœurs rouillés
Une fois soient habillés
D’une chemise de toile !

« Et si je ferme les yeux
Dans le lit de mes aïeux,
Viens à pas silencieux,
Plieuse, ma vieille amie,
Qui m’as quelquefois bercé,
Mettre sur mon front glacé
Et ma paupière endormie

« Le drap blanc si doux à voir
Que tes bras nus au lavoir
Ont battu d’un lourd battoir,
Dans l’eau vive et la lumière,
Puis, par un joyeux matin,
Séché sur les fleurs de thym,
De genêt et de bruyère. »

FRANÇOIS FABIE.