de l’expérience. Pourtant il ne faut pas oublier que les premiers fabricans de câbles sous-marins rencontrèrent des difficultés que rien ne faisait prévoir et que, même encore à notre époque, cette industrie exige des précautions d’une nature toute spéciale.
Il n’est plus besoin que de rappeler, pour marquer les étapes, les dates auxquelles furent immergés avec succès les premiers câbles télégraphiques en eaux profondes. En 1861, c’est Alger qui est rattaché à Port-Vendres et Malte à Alexandrie. En 1865, une ligne continue est établie de Suez à Bombay par Aden. Enfin en 1866, le télégraphe résonne définitivement d’un bout à l’autre de l’Atlantique. Ce qu’il y avait eu d’essais infructueux, de tentatives maladroites jusque-là, il est inutile de le redire. Mais, depuis une trentaine d’années, les ingénieurs ont appris leur métier. Si profond que soit un océan, quelle que soit la distance entre les rivages qui le bordent, ils immergent un câble avec apparemment autant de sécurité que s’ils n’avaient pas affaire au plus perfide des élémens. Ce ne sont pas seulement les continens qui sont reliés entre eux ; il n’y a guère d’île qui ne reçoive sa correspondance par télégraphe. Bien plus, les lignes sous-marines se substituent aux lignes terrestres partout où il y a quelque intérêt à s’affranchir du passage à travers un territoire étranger ou même seulement pour rendre la transmission plus rapide par la suppression des intermédiaires. Ainsi les Anglais ont des câbles qui vont de Falmouth à Vigo, Lisbonne, Gibraltar et Malte ; un câble de Calais à Fano relie la France et les pays du Nord. Au surplus l’industrie des câbles sous-marins est aujourd’hui tellement certaine de ses résultats, et sa clientèle s’accroît de telle façon que les capitaux ne lui font pas défaut. Dans toutes les directions où s’agitent de grands intérêts commerciaux, les lignes se multiplient. On en compte huit entre l’Angleterre et l’Irlande, cinq entre la France et l’Algérie ; dix fils relient l’Europe à l’Amérique du Nord et trois à l’Amérique du Sud.
Bien que la télégraphie soit un monopole réservé à l’Etat dans presque tous les pays, et en particulier dans l’Europe entière, la fabrication des câbles est restée une industrie libre. Le gouvernement français possède, il est vrai, une usine de ce genre dans la rade de Toulon ; mais on ne s’y occupe que des câbles qui rattachent au continent les îles du littoral. C’est surtout en Angleterre que cette industrie se développa tout d’abord, en raison du grand intérêt que présentait pour la nation anglaise la correspondance avec les colonies lointaines. Toutefois l’industrie privée a créé récemment en France plusieurs usines qui ont prouvé, par les entreprises qu’elles ont exécutées avec succès