l’exercent doivent travailler et développer les transactions. Ils n’attendent pas que la marchandise leur soit apportée, ils vont la chercher au loin, lui frayent en quelque sorte le passage, et la font arriver par les mille canaux de l’industrie privée. Les soins que réclame la manutention des divers articles, la responsabilité qui incombe à ce roulage des mers, la mobilité indispensable des tarifs, l’étude des convenances propres à chaque commerce, tout cela est une science et demande une complète liberté d’action. » Adoptant cette doctrine, l’État abandonna l’une après l’autre l’exploitation de toutes les lignes postales dont il s’était chargé d’abord, à une époque où l’industrie de la navigation à vapeur manquait encore de ressources. Il n’y a plus aujourd’hui que des compagnies subventionnées sur les parcours où l’Administration des postes fait transporter ses dépêches.
L’Administration des postes est chargée d’organiser les services de transports maritimes. Les subventions allouées aux compagnies qui en sont concessionnaires figurent à son budget pour une somme d’environ 25 millions, en regard de laquelle elle ne peut montrer qu’une très faible recette. Ce n’est pas le seul intérêt postal qui provoque la création et l’entretien des entreprises de paquebots, c’est le souci d’ouvrir de nouveaux débouchés à notre commerce, de développer notre influence dans les mers lointaines par l’apparition périodique de notre pavillon, de rattacher les colonies à la métropole par des échanges de correspondance réguliers. L’intérêt postal n’est donc pas seul en jeu lorsque l’occasion se présente, soit de modifier les parcours en vigueur, soit de substituer de nouvelles lignes à celles que le développement des communications terrestres a rendues superflues. Aussi les projets de l’espèce ont-ils toujours été étudiés par des commissions mixtes où les ministères des Affaires étrangères, des Colonies et du Commerce étaient représentés.
Passons brièvement en revue les entreprises qui sont actuellement en activité.
Entre Calais et Douvres, le service fut remis à l’industrie privée en 1855. Sous le couvert du concessionnaire apparent, un armateur de Dunkerque, la concession fut en réalité donnée à la Compagnie du chemin de fer de Londres à Douvres, qui exécutait déjà le transport des dépêches entre Douvres et Calais pour le compte du gouvernement britannique. Dix-sept ans plus tard, à l’expiration du marché, une compagnie française lui succéda, mais celle-ci ne put s’entendre avec la compagnie anglaise, qui refusa de délivrer, par son intermédiaire, des billets directs aux voyageurs de Paris pour Londres. Les voyageurs prirent presque