tâcher d’abord que de serrer les conditions du recrutement aujourd’hui trop relâchées. Mais la mesure la plus efficace consistera certainement à fermer l’accès des troupes étrangères aux professionnels de conseil de guerre qui, en vertu du système actuel, y font, après chaque condamnation, leur rentrée obligée, en qualité de disciplinaires réintégrés.
Les sections de discipline des régimens étrangers se distinguent des compagnies de discipline destinées aux incorrigibles des régimens de France, mais ce n’est pas à leur avantage. Tandis qu’en effet, chez celles-ci le cadre est fixé et le régime rigoureusement réglé, celles-là changent leurs gradés tous les six mois, et n’exigent, stationnées qu’elles sont intégralement au même point, qu’un travail pour rire de leurs disciplinaires. La section de discipline de chaque régiment étranger s’alimente en principe de tous les condamnés du corps ayant achevé leur peine, et sert en outre de dernière répression, à l’égard des soldats d’un exemple dangereux qu’il importe de retrancher d’un milieu militaire. Malheureusement la ressource de cette épuration salutaire échappe au régiment dont l’effectif disciplinaire dépasse le chiffre réglementaire, ce qui l’expose à une double alternative également fâcheuse : garder ses pires sujets quoi qu’ils fassent ; ou niveler, coûte que coûte, la section au-dessous de sa limite imposée, en lui reprenant, sans y regarder de près, tout ce qu’il est possible décemment d’en tirer.
Sans hésiter, l’on peut affirmer que, dans ce système, tout est néfaste, tout est à changer. Comment la section effraierait-elle les légionnaires qui la voient de tout près, qui vivent avec ceux qui en sortent, qui savent qu’on y passe le temps commodément, rétribué sans presque travailler, dans un bon poste, à côté d’anciens camarades complaisans, toujours prêts à procurer l’alcool ou le tabac désirés ? L’idée d’une pareille répression trahit son but, puisqu’elle ne prévient pas la faute, en effrayant sur les conséquences. Si l’on songe, en revanche, à ce qu’un pareil milieu a de délétère, l’on s’explique que le disciplinaire réintégré soit devenu la plaie vive des régimens étrangers, et l’on regarde comme indispensable de fermer le cercle de discipline, à de rares exceptions près, sur ceux qui l’auront franchi. C’est une compagnie de discipline, dotée de gradés permanens, qu’il faut attribuer aux deux régimens étrangers, avec un régime de travail approprié à la répression, comme la création ou l’entretien des routes ; avec un cadre d’existence en rapport avec l’isolement nécessaire, celle de notre Sud algérien, ou, ce qui vaudrait encore mieux, celle de nos colonies les plus nouvelles, où les rudes besognes ne manquent pas et leur seraient réservées. En rendant