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UNE CORRESPONDANCE INEDITE
DE
PROSPER MÉRIMÉE

DERNIERE PARTIE[1]


Madrid, casa de la Exma Sa del Montijo 22 octobre 1859.

Madame,

Il m’a été impossible d’aller à Madrid par Bayonne, toutes les places du courrier et des deux diligences étant prises jusqu’à la fin de ce mois. Force m’a été de m’embarquer pour Alicante, où je suis arrivé après une très longue et très ennuyeuse navigation. De là je suis allé en chemin de fer jusqu’à la porte de Madrid, et j’en suis reparti pour Carabanchel. C’est là qu’est mon principal établissement, attendu qu’on se figure être à la campagne et que la campagne est quelque chose de bon à la fin d’octobre, à trois cents mètres au-dessus du niveau de la mer ; mais je vais et viens, et c’est de Madrid que je vous écris. Ma première visite a été au portier du duc d’Abrantès, lequel m’a dit que M. Rubinos était encore de ce monde, sur quoi je lui ai remis lettre et livre. J’espère qu’il trouvera moyen de l’envoyer à votre ami le chanoine. J’ai trouvé ici bien des changemens. La civilisation y fait

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 mars et du 1er avril.