de revers ininterrompus, un des principaux résultats qu’il s’était proposés, en entrant dans cette guerre. Mais ce prince avisé ne négligeait pas de rappeler en même temps le souvenir de l’autre affaire, dont la conclusion avait été suspendue par l’envoi de Grimani à Vienne. Le 17 avril 1695, c’est-à-dire quelques jours à peine après que le relus de l’Empereur avait été connu à Turin, Barbezieux écrivait à Tessé : « Le Roy a vu le portrait que le sieur Groppel vous a remis de la fille de M. le duc de Savoye. Sa Majesté a été surprise que l’on vous l’ait envoyé, cela ne paraissant avoir aucun rapport avec l’affaire dont il s’agit »[1]. Toutes les affaires se tenaient dans la pensée du duc de Savoie. Celle de Casal à peine réglée, il en entreprenait deux autres : la conclusion du mariage, et la restitution de Pignerol.
L’affaire du mariage ne souffrait point de difficultés. Dans une nouvelle Disposition d’articles pour la paix d’Italie arrêtée le 18 avril 1696 entre Tessé et Groppel[2], se trouve une clause ainsi conçue : « Le mariage de Monseigneur le duc de Bourgogne avec Madame la Princesse, fille de Son Altesse Royale, se traittera incessamment pour s’effectuer de bonne foy lorsqu’ils seront en âge, et le contrat se fera présentement, ou quand on fera l’échange des ratifications ; après lesquelles la princesse sera remise incessamment entre les mains du Roy, et dans le même moment que l’on restituera à Son Altesse Royale ses places et estats. » Il n’y avait pas davantage de difficulté sur une question à laquelle Victor-Amédée n’était cependant pas indifférent, et qui, pour s’agiter entre princes, et dans un temps assez différent du nôtre, ne laissait pas d’avoir déjà son importance : celle de la dot. Provisoirement, cette question était ainsi réglée : « Son Altesse Royale donnera pour dot à Madame la Princesse sa fille, deux cent mile escus, pour le paiement desquels Son Altesse Royale fera une quittance de cent mile escus deus du reste du mariage de Madame la Duchesse Royalle, avec les intérêts échus et promis, et pour le restant, le Roy le remet en faveur du présent mariage, Son Altesse Royalle s’obligeant d’ailleurs de donner à la princesse sa fille ce que l’on appelle en piémontois, fardel, et en françois, présent de noces, et dans le contrat de mariage sera stipulé le douaire que Sa Majesté accordera, suivant la coustume et usage de France. »
Il n’en était pas de même de la question de Pignerol, qui tenait particulièrement à cœur à Victor-Amédée. « M. le duc de Savoye, dit une note de Croissy, s’est trop expliqué de la peine de voir son pays toujours ouvert par cette place, et du chagrin d’en entendre les tambours de Turin, pour doutter qu’elle n’en fasse toute son