Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 134.djvu/616

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A Bruxelles, sept lignages et quarante métiers, réunis en neuf nations de métiers, se partagent l’échevinage et les conseils. A côté des conseils, une assemblée où siègent les centeniers ou chefs des quartiers de la ville. En somme, d’individu point, ni d’élection aucune, domine imités sociales et politiques, les sept lignages, les neuf nations de métiers, les quartiers. Ni dans le lignage, ni dans le métier, ni dans le quartier, l’individu n’est, lui, cette unité sociale et politique. Civilement, il n’existe que dans son groupe, ou même plus : ce n’est pas lui qui existe, c’est le groupe.

Partout ainsi. A Gand, qui est représenté dans le corps communal ? Les grands bourgeois, les tisserands, les cinquante-deux petits métiers. A Ypres ? Des chevaliers, des propriétaires et notables, quatre collèges de petits métiers. A Liège ? Encore des lignages et des métiers. Il en est en France comme dans les Flandres, et d’un bout à l’autre des provinces qui sont notre France d’aujourd’hui. A Amiens, les doyens des corporations nomment douze échevins qui s’en adjoignent douze autres. Cela, en Picardie. En Languedoc, à Sommières, la ville est divisée, d’après les métiers, en quatre quartiers, avec trente-deux magistrats supérieurs, conseillers ou notables. A Rouen, à Bourges, des quartiers, dont les délégués s’unissent aux membres du conseil ou à l’échevinage pour nommer les nouveaux conseils.

Passez la Manche. A Londres, le maire est désigné par les ghildes privilégiées et le conseil communal ; les aldermen sont nommés à vie par les citoyens (ceux qui ont droit de cité, les bourgeois) des quartiers de Londres ; le conseil communal, qui contribue à l’élection du maire, est élu annuellement, à raison de quatre membres par quartier, lesquels sont très souvent désignés, du reste, par les corporations marchandes. Passez le Rhin. A Augsbourg, vous retrouverez les lignages et les métiers. Et vous les retrouverez à Ulm. Passez les Alpes. Ce n’est pas toujours chose facile de se reconnaître dans les mutations du gouvernement de Florence, malgré les témoignages précieux de Machiavel et de Guichardin. Mais les case, ne sont-ce pas les lignages, comme les arts sont les métiers ? arts majeurs et mineurs, peuple gros et menu, ou selon les temps, peuple puissant, médiocre et bas. Prenez un de ces temps de Florence qui se succèdent si rapidement. Au XIVe siècle, en 1323, c’est le sort qui désigne les magistrats de la seigneurie, mais qui donc établit la liste de ceux entre qui le sort opère ? Cinq corps indépendans : 1° les prieurs ou doyens des grandes corporations ; 2° les gonfaloniers ou chefs de la milice ; 3° les capitaines du parti guelfe ; 4° les juges du