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Charles-Edouard. Hier j’ai dîné chez lady Holland qui n’avait jamais entendu parler de ce livre de lord Stanhope, ni aucun des Anglais qui étaient chez elle. Je l’aurai, dussé-je écrire à Glenquoich ou à lord Stanhope lui-même. Je crains maintenant qu’il n’ait pas été publié, mais imprimé seulement pour quelques élus. Nous verrons. Veuillez agréer, madame, l’expression de mes respectueux hommages.

PROSPER MERIMEE.


Vendredi.

Madame,

Il y a si longtemps que je n’ai eu de vos nouvelles que je crains ou que vous n’ayez pas reçu la dernière lettre que j’ai eu l’honneur de vous écrire, ou que vous ne soyez malade, ou que cette dernière lettre ne vous ait déplu. Ces trois alternatives m’affligent beaucoup, et je vous serais obligé de me rassurer par un mot. Ne parlons plus du Louvre si cette promenade vous déplaît. D’ailleurs, depuis qu’on a restauré la galerie, je ne m’y retrouve plus et je serais un très mauvais cicérone. J’avais cependant l’intention de vous faire voir une coupe d’or égyptienne, avec une inscription portant le nom du pharaon qui régnait au temps de Joseph, en sorte que cela pourrait bien être la coupe cachée dans un sac, ou, ce qui est plus sûr, que cette coupe était de même forme. Ne trouvez-vous pas agréable devoir in the mind’s eye les objets dont il est question dans l’histoire ? Lorsque je voulais écrire l’histoire de César, j’avais tout regardé et si souvent dessiné ses médailles et son buste de Naples, que je le voyais très distinctement à Pharsale et même à Alexandrie. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à lord Wellington, avec cette différence que le haut de la tête avait un plus grand développement, et qu’il était chauve comme M. de Morny.

Je viens d’écrire la dernière ligne de mon rapport. Je le lis à la Commission lundi, et lundi soir j’espère être un homme libre.

Veuillez agréer, madame, l’expression de tous mes respectueux hommages.

PROSPER MERIMEE.


Paris, 23 novembre 1856.

Madame,

Je ne vous ai pas encore remerciée du beau livre que vous m’avez envoyé et qui m’a fait grand plaisir. Pourtant ce n’est pas un livre qui me plaise. Il me paraît, dans l’original, avoir les